La restauration livrée signe des engagements pour réduire ses déchets
L’essor de la restauration livrée et de ses déchets
Quelques mois après l’entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, l’ancienne secrétaire d’Etat à l’économie circulaire Brune Poirson avait réuni en juillet 2020, les acteurs de la restauration livrée pour leur demander de travailler sur des stratégies “zéro déchet”. En effet, avec plus de 200 millions de repas livrés en 2019, et considérant que 3 à 4 emballages sont utilisés par repas, le secteur de la restauration livrée, à l’origine de plus de 600 millions d’emballages à usage unique par an, est fortement producteur de déchets. Ce sont autant de pollutions liées à la fabrication de ces emballages et à leur traitement en fin de vie, d’autant plus lorsqu’ils finissent dans la majorité des cas incinérés ou enfouis.
Si la loi anti-gaspillage prévoit que le service en restauration sur place se fera dans de la vaisselle réemployable à partir de 2023, elle ne dit rien sur la vente à emporter et la restauration livrée. Alors que ce marché croît de 20 % par an, il est primordial que la restauration livrée s’oriente vers un modèle plus soutenable, centré non plus sur l’usage unique mais sur la réduction et le réemploi des emballages. Cet enjeu s’avère d’autant plus prégnant en cette période de restrictions sanitaires, où seules la livraison de repas et la vente à emporter sont autorisées, contrairement à la restauration sur place.
Des engagements priorisés selon la hiérarchie des modes de traitement des déchets
Dans ce contexte, 19 acteurs de la restauration livrée, parmi lesquels UberEats, Deliveroo ou encore Frichti, ont travaillé avec le ministère de la Transition écologique à des engagements volontaires visant à la réduction de l’impact environnemental de leurs emballages et au développement du réemploi dans leur secteur. Ils ont ainsi abouti à la charte d’engagements signée le 15 février avec la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili en présence de Zero Waste France et Surfrider Foundation Europe.
Articulée autour des 3R “réduire – réemployer – recycler” dans le respect de la hiérarchie des modes de traitement des déchets, cette charte prévoit entre autres :
- un objectif de réduction des contenants et emballages en plastique à usage unique de 50 % d’ici 2022, et de 70 % d’ici 2023 ;
- la fin de la livraison systématique de couverts et de sauces dès le 1er mars 2021 ;
- la conduite d’expérimentations sur le réemploi des contenants et des emballages dès 2021 ;
- un objectif de 100 % de contenants réemployés livrés sur les lieux de restauration en entreprise d’ici le 1er janvier 2023.
Ainsi, sur le réemploi, des modèles de consigne devraient être testés en livraison à emporter, en partenariat avec des porteurs de projet membres du Réseau consigne.
De même, au niveau de la vente à emporter, les acteurs se sont engagés à tester des modèles où le client apporte son propre contenant pour un service direct au restaurant.
Enfin, les acteurs affichent également un objectif de 100 % de contenants et emballages recyclables à partir de 2022.
De la parole aux actes : des attentes sur la mise en œuvre concrète de ces mesures
Zero Waste France salue ces engagements qui vont dans le bon sens, en particulier sur le volet “réemploi” – bien qu’ils ne remplacent pas une trajectoire définie par la loi. Nécessaires au vu de l’urgence climatique et environnementale, ils répondent par ailleurs à une demande citoyenne croissante – en témoignent notamment les propositions de la Convention citoyenne pour le climat qui demande la réintroduction de systèmes de consigne pour réemploi des emballages en verre.
En revanche, ces engagements, parce qu’ils sont volontaires et n’ont donc pas de caractère contraignant, ne doivent pas pour autant se limiter à de simples annonces non suivies d’effets. Zero Waste France a rappelé lors de la signature des engagements ses fortes attentes quant à leur mise en œuvre. A cet effet, l’association restera particulièrement vigilante dans les mois et années à venir sur les actions menées par les signataires et ne manquera pas de leur rappeler activement les engagements qu’ils ont pris.