#2 – Déchets plastiques : comment agir ?
Le 15 septembre 2018 se déroulera une grande opération de collecte de déchets abandonnés dans la nature, le World CleanUp Day. Zero Waste France publie à cette occasion une série de quatre articles, pour prendre du recul et décrypter les enjeux liés à ces déchets parfois qualifiés de “sauvages”.
Entre 60 et 90% des déchets retrouvés dans la nature sont composés de plastique. Et pour cause : le plastique est massivement produit pour de l’usage unique (emballages, lingettes, gobelets, pailles…). Du fait de leur légèreté (envol) et des modalités de consommation (usage nomade, faible valeur associée à l’objet), les produits plastiques se retrouvent ainsi plus facilement dans la nature, où ils mettent entre 100 et 1000 ans à disparaître complètement. Les pays européens rejettent chaque année entre 150 000 et 500 000 tonnes de plastique dans les océans.
Cette “hémorragie” est cependant loin d’être une fatalité et des mesures politiques peuvent être prises pour limiter et à termes supprimer cette pollution massive. Interdictions ciblées et incitations économiques peuvent ainsi permettre de généraliser rapidement des alternatives réutilisables et durables. Elles figurent au rang des mesures que Zero Waste France défend auprès des responsables politiques.
Interdire les produits plastiques les plus problématiques
Gobelets, assiettes et couverts en plastiques, contenants en polystyrène pour la consommation nomade, pailles, touillettes, coton-tiges… autant de produits plastiques à usage unique que l’on retrouve régulièrement dans la nature et pour lesquels il existe pourtant des alternatives (réutilisables ou compostables) qui ont fait leurs preuves.
Face à l’urgence de limiter la pollution plastique, l’interdiction de mise sur le marché de ces produits peut permettre de rapidement endiguer le problème. L’exemple des sacs plastiques en la matière montre la voie. Depuis 3 ans, de nombreux pays dont la France ont tour à tour choisi d’interdire les sacs plastiques les plus légers. Des décisions politiques dont l’effet est important: une étude a récemment montré que le nombre de sacs plastique retrouvés en mer du nord avait baissé depuis 2010, attribuant cette baisse aux mesures d’interdiction et de taxations prises dans plusieurs pays européens.
En France, l’interdiction des coton-tiges, assiettes et gobelets en plastique est prévue pour 2020. L’interdiction des assiettes et gobelets reste cependant limitée aux contenants mis à disposition vides et ne permet donc pas de s’attaquer à la problématique des emballages de vente à emporter. Aucune mesure n’a par ailleurs été prévue concernant les couverts en plastique, les pailles, les touillettes ou les contenants en polystyrène expansé.
Aujourd’hui, tous les signaux sont au vert pour continuer ce travail d’interdictions ciblées : la Commission européenne a mis sur la table une proposition de Directive visant 15 produits plastiques les plus fréquemment retrouvés sur la plage et proposant des mesures de réduction de leur consommation. Ces mesures sont par ailleurs largement soutenues par les citoyens. 82% des Français se déclaraient ainsi en faveur de l’interdiction des sacs plastiques au moment de son adoption, et une pétition demandant l’interdiction des pailles réunis à ce jour plus de 170 000 signatures.
Donner un prix au plastique
Le plastique jetable est aujourd’hui omniprésent dans notre quotidien, et par extension dans la nature, car il est peu cher. Fabriqué à partir de matériaux fossiles (pétrole, gaz, charbon…), il bénéficie du faible prix actuel de ces matières au niveau mondial. Son prix ne reflète ainsi pas le coût réel de ses déchets, qu’il soit économique (coût de ramassage et traitement des déchets, impact sur la pêche ou le tourisme) ou écologique (émissions de gaz à effet de serre, atteinte à la biodiversité…).
Pour limiter l’usage du plastique à des applications où il est essentiel, il est nécessaire de donner un prix au plastique, qui reflète son véritable impact sur nos sociétés. C’est l’objectif d’une taxe qui pourrait venir frapper certains produits plastiques à usage unique au bénéfice de leurs alternatives réutilisables. Une autre possibilité serait de procéder via les systèmes de responsabilité élargie des producteurs en prévoyant que les entreprises responsables de déchets régulièrement trouvés dans la nature sont tenues de contribuer au coût de leur nettoyage, renchérissant d’autant le prix du produit concerné. Enfin, une taxe sur la résine de plastique vierge serait aussi de nature à réduire sa consommation et encourager l’utilisation de plastiques recyclés.
Bien sûr, toutes ces mesures ne seront réellement efficaces que si, dans le même temps, des alternatives réutilisables sont promues et rendues accessibles.