Club de Rome : « le climat et l’emploi, grands gagnants de l’économie circulaire »
Quarante-trois ans après le rapport “Halte à la croissance?” (Limits to Growth?), le Club de Rome, think tank international, publie cet été un rapport sur les bénéfices de la mise en place d’une économie circulaire en Europe.
Une première étude sur le cas de la Suède a été rendue public en avril, puis les économies danoise et espagnole seront analysées dans la version finale du rapport à paraître en juin/juillet. Ce rapport intermédiaire concernant le cas suédois apporte la preuve qu‘un découplage réel (ndlr la capacité d’une économie à croître sans augmenter automatiquement l’utilisation d’énergie, de ressources et donc globalement la pression environnementale) est une opportunité pour la société et les entreprises notamment en termes de lutte contre les changements climatiques et d’emploi.
Une réduction de 70% les émissions de GES suédoises
La conclusion du rapport intermédiaire est sans appel : en 2030, si les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’efficacité de l’utilisation des matières étaient augmentées significativement, les émissions de GES (Gazs à Effet de Serre) de la Suède pourraient être réduites de 70%, plus de 100 000 emplois seraient créés et 3 points de PIB gagnés. La stratégie d’utilisation efficace des matières, qui passe notamment par la prévention des déchets et des gaspillages et la maximisation de la réutilisation et du recyclage, entraînerait à elle seule une réduction de 10% des émissions de GES, la création de 50 000 emplois et plus de 2 points de croissance. Fort de ces résultats, dans le contexte actuel d’urgence climatique et de crise économique, le club de Rome invite l’UE et ses Etats membres à faire de l’économie circulaire un élément essentiel des politiques de lutte contre le changement climatique, et ce, avant même la conférence sur le climat de Paris.
Des nécessaires stratégies de lutte contre le changement climatique holistes et volontaires
Pourtant, les politiques qui promeuvent réellement l’économie circulaire sont rares. Les auteurs déplorent cette situation dont l’illustration la plus récente est le retrait du “paquet économie circulaire” par la Commission Juncker. Le Club de Rome dénonce également le caractère sectoriel des politiques climatiques actuelles qui restent centrées sur l’utilisation d’énergie et négligent la question de l’utilisation des ressources malgré ses bénéfices climatiques évidents”. Il plaide pour l’élaboration de stratégies de limitation du changement climatique “holistes” qui intégreraient l’efficacité matière comme un élément clé.
Un besoin urgent de réformes structurelles… sans recourir à l’incinération
Force est de constater que les efforts accomplis ces dernières années pour améliorer notre gestion des ressources n’ont pas été suffisants. Les auteurs préconisent donc de renforcer les mesures existantes (objectifs chiffrés de recyclage, directive éco-conception, système d’échange des émissions de carbone) et de mener des réformes ambitieuses sur le long terme : objectifs spécifiques d’efficacité pour certaines matières, réforme du système de taxation et investissements ciblés. Enfin, alors que l’incinération des déchets est souvent présentée à tort comme une énergie renouvelable, le Club de Rome ne suit pas cette mode. Il insiste sur la nécessité de donner la priorité à une valorisation de la matière et invite les États à limiter et/ou à taxer l’incinération de déchets. Anders Wijkman, co-président du Club de Rome, déclarait à ce sujet que si “réduire la mise en décharge est une priorité en Europe, l’échanger contre une expansion rapide de l’incinération n’est pas une solution”.