Consigne : n’oublions pas le verre !
Alors qu'un comité de pilotage pour la mise en oeuvre de la consigne est lancé à Strasbourg, Zero Waste France rappelle l'importance de donner la priorité aux dispositifs de réutilisation des emballages, et donc de la consigne sur les bouteilles en verre.
Alors que le gouvernement lance mercredi un comité de pilotage pour la mise en oeuvre de la consigne, Zero Waste France et Zéro Déchet Strasbourg saluent l’ouverture d’un débat sur le sujet, mais appellent à inclure également dans les objectifs du dispositif le développement de la réutilisation des emballages, et donc de la consigne sur les bouteilles en verre, qui sont les plus susceptibles d’être lavées et re-remplies. Le lancement de ce comité dans la capitale alsacienne, qui a su maintenir un système de consigne pour réutilisation des bouteilles en verre unique en France, est un signal positif.
La consigne, un outil pour réduire les emballages jetables
La consigne désigne le montant payé par le consommateur au moment de l’achat d’un produit, montant qui lui sera remis si il ramène l’emballage vide en magasin. Le dispositif peut avoir différents objectifs et être mis en place sur différents types d’emballages. A l’heure actuelle, les communications ministérielles se sont cependant concentrées sur les bouteilles en plastique et les canettes métalliques. Le verre, qui présente l’avantage de pouvoir être lavé et re-rempli de nombreuses fois (20 à 50 fois dans les applications industrielles) n’est malheureusement pas évoqué.
La consigne sur le verre permet pourtant le réemploi après lavage des bouteilles, encore plus intéressant d’un point de vue environnemental que le recyclage (impact climatique réduit de 70 % par rapport au verre recyclé [1], et de 10 % par rapport au plastique PET à distance de transport équivalente [2]). Le réemploi est également intéressant sur le plan économique (les produits consignés en Alsace sont vendus en moyenne entre 10 et 25% moins cher que leur équivalent en plastique à usage unique [3]). C’est d’ailleurs bien cette consigne dans son acception “traditionnelle” (pour réemploi des emballages en verre) que les citoyens soutiennent régulièrement dans les sondages d’opinion [4], ou via des pétitions.
L’Allemagne et l’Alsace, un exemple à suivre en matière de réutilisation des emballages
Lors de son déplacement, Brune Poirson se rendra par ailleurs en Allemagne pour visiter un dispositif de consigne dans un supermarché. L’Allemagne a pris, dès l’introduction du système de consigne obligatoire en 2003, le parti de favoriser à la fois la progression des taux de recyclage et la réutilisation des bouteilles. La consigne s’applique ainsi sur les bouteilles en plastique mais également sur les bouteilles en verre, un quota national de réutilisation des emballages a été fixé, et un logo sur l’emballage indique si celui-ci est à usage unique ou réutilisable. Grâce à ces mesures, le pays a su enrayer le passage du verre réutilisable au plastique jetable pour les emballages : 43% des emballages de boisson sur le marché allemand sont lavés et remplis de nouveau plutôt que jetés.
En Alsace aussi, la consigne pour réutilisation sur les bouteilles en verre a perduré, situation unique en France. Ce sont au total plus de 25 millions de bouteilles en verre (bières, limonades, jus, eau…) qui sont vendues consignées chaque année en Alsace. Afin d’accompagner une demande de nouveau en croissance, les acteurs locaux de la consigne pour réemploi se sont fédérés au sein du réseau Alsace Consigne. Ce réseau souhaite notamment mettre en avant la dimension régionale et populaire de la consigne en facilitant sa pratique.
A l’échelle nationale, l’ADEME et CITEO se sont associés pour lancer un appel à manifestation d’intérêt visant à soutenir des projets de consigne pour réemploi des emballages en verre. Les projets sont à présenter d’ici le 30 juin : https://appelsaprojets.ademe.fr/aap/REEMPLOI2019-82
[1] Source Ademe 2018
[2] Etude Carola 2018
[3] Source : Alsace consigne