COP21 : Panorama international d’expériences zéro déchet
En plus de rassembler des gouvernements du monde entier, la COP 21 a également permis de réunir les représentants de mouvements citoyens du monde entier. Voici un panorama du mouvement Zero Waste dans le monde.
La Conférence Climat (COP21) qui vient de s’achever ne s’est pas limitée à des discussions entre gouvernements. Elle a aussi été l’occasion de rassembler à Paris des représentants de mouvements citoyens du monde entier. Zero Waste France a notamment eu la chance d’accueillir 80 délégués du réseau international d’ONG GAIA (Alliance Globale pour les Alternatives à l’Incinération), mouvement citoyen zéro déchet zéro gaspillage dont Zero Waste France est membre. Retour sur quelques unes de leurs expériences afin de brosser un rapide portrait de la diversité du mouvement Zero Waste dans le monde.
Ahmina Maxey, Zero Waste Detroit, Etats-Unis
En 1966, un imposant incinérateur a été construit à Détroit et rapidement des problèmes environnementaux, sanitaires et financiers sont apparus. En effet, l’augmentation de la pollution a contribué au développement de maladies respiratoires, notamment d’asthme, et le coût de cet incinérateur surdimensionné, en plus d’empêcher l’investissement dans des politiques de prévention et de recyclage, a pesé de manière toujours plus importante et injuste sur les populations locales déjà en difficultés.
Les habitants se sont mobilisés et ont créé l’association Zero Waste Detroit dont l’objectif est de lutter contre l’incinération et de promouvoir la prévention et le recyclage. “Un taux de recyclage de 75% aux États-Unis permettrait de créer 1,5 millions d’emplois, de réduire les émissions de fumées toxiques et de lutter contre le réchauffement climatique”, souligne Ahmina avant de détailler les multiples formes qu’ont prises les luttes de l’association au cours de ces dernières années (manifestations, discussion avec les élus, réunions d’information, etc).
En 2009 la ville de Détroit a adopté son premier programme de recyclage et l’association se mobilise désormais pour le faire appliquer et évoluer, consciente du chemin qu’il lui reste à parcourir.
Luo Dan, Alliance Zero Waste Chine, Chengdu, Chine
Cette représentante de l’Alliance Zero Waste Chine a présenté l’action de l’association “Shoots and roots” dans la ville de Chengdu lors d’une conférence dans l’espace société civile du Bourget le 10 décembre. A Chengdu, 6 tonnes de déchets sont générés chaque jour puis envoyés en décharge ou dans l’un des 3 incinérateurs que compte la ville. Ces déchets ne sont pas triés alors que les biodéchets représentent 60% du contenu des poubelles des habitants de Chengdu et que de nombreux plastiques pourraient être recyclés. Pour répondre aux problèmes de pollutions liées à ces modes de traitement, l’Alliance Zero Waste Chine a travaillé à faire changer les mentalités en menant des opérations de sensibilisation notamment dans les écoles et à faire évoluer la politique des autorités locales.
Mirko Moskat, Basura Cero rosario, Buenos Aires, Argentine
Au début des années 2000, dans un contexte de grave crise économique et sociale, alors que la pauvreté et le chômage ont fortement augmenté, le phénomène des “Cartoneros”, biffins de Buenos Aires, a émergé. Si l’activité des biffins existait depuis des dizaines d’années, elle s’est alors fortement développée pour concerner 50 000 personnes dont certaines issues des classes moyennes dans une ville qui compte 3 millions d’habitants. Elle s’est également progressivement organisée. En effet, jusqu’à 2002 cette activité était illégale mais grâce à la mobilisation citoyenne elle a été officiellement reconnue, des coopératives ont été créées et des mesures en faveur des biffins ont été adoptées.
Plus largement, en 2005, la ville de Buenos Aires s’est engagée à atteindre le zéro déchet en adoptant un texte réglementaire (fin de l’incinération, fin de la mise en décharge, inclusion des biffins, tri à la source, éducation…). 10 ans après, le bilan est mitigé : si d’autres villes en Argentine se sont engagées vers le zéro déchet, la politique envers les biffins de Buenos Aires a évolué en leur défaveur.
Rosano Ercolini, Capanori, Zero Waste Italie
“Déchets ? Quand la portion organique n’est pas mélangée avec le reste, nous n’avons pas de déchets !” s’exclame Rosano Ercolini, pionnier du mouvement Zero Waste en Europe lors de la présentation de la démarche menée à Capannori en Italie. Pour cette petite ville de Toscane, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la vente en vrac, le tri à la source des différents flux de déchets, la réparation, l’information constante etc, ont permis à ses habitants de réduire ou de recycler 80% de leurs déchets. Les 20% restants sont dûs à des erreurs de tri des citoyens ou des problèmes design des produits. Mais ces 20% ne sont pas une fatalité. A Capannori, des lettres ont été envoyées aux entreprises, notamment concernant les capsules de café, afin que les industriels prennent en compte les déchets associés aux produits qu’ils mettent sur le marché. La ville poursuit ses efforts et continue de faire des émules en Europe.
Ici et ailleurs les citoyens se mobilisent contre les traitements polluants des déchets et pour la prévention et le recyclage. Leurs succès sont autant de sources d’inspiration pour relever les défis qui nous attendent face aux fausses solutions de gestion des déchets. Pour en savoir plus sur les luttes pour le zéro déchet autour du monde : Site de GAIA et retour sur 15 ans de succès locaux.