Crise des déchets : la Corse au pied du mur
En Corse, les décharges débordent. Après la saison touristique, l’île a connu une crise durant le mois de septembre avec le blocage simultané de ses 3 centres de stockage des déchets. Ils n’ont pas été collectés pendant quelques jours. Aujourd’hui au pied du mur, la Corse doit s’engager dans des démarches zéro déchet, zéro gaspillage.
Faute d’anticipation, mais surtout de politique volontariste en faveur de la réduction et du tri (le syndicat de traitement des déchets corse affiche un taux de recyclage de 20%, bien en dessous de la moyenne nationale), le manque d’exutoires se fait sentir sur l’île. Durant l’été 2015, les centres de stockage de Vigianello, Prunelli et Vico ont augmenté leurs capacités d’enfouissement pour faire face à l’afflux de déchets provoqué par la saison touristique. Cette situation a été source de nuisances et de pollutions pour les riverains, et a mené au blocage temporaire des sites en septembre.
Aujourd’hui au pied du mur, la Corse peut encore faire le bon choix et transformer cette crise en levier pour devenir l’exemple inspirant de demain. Elle suivrait en ce sens la voie tracée par sa voisine, la Sardaigne, qui recycle plus de 50% de ses déchets. L’île italienne est passée de 74% de déchets enfouis en 2000 à 23% seulement en 2009 [1], et a diminué en trois ans de moitié la quantité de déchets biodégradables envoyés en décharge [2], notamment grâce à la mise en place de la collecte séparée des biodéchets. Pour permettre la réouverture de deux des trois centres d’enfouissement, le syndicat de traitement des déchets en Corse (le SYVADEC) s’est ainsi engagé la semaine dernière à mettre en œuvre « une politique forte de tri à la source qui privilégiera les déchets fermentescibles, pour atteindre une réduction de moitié des tonnages enfouis en 2020 par rapport à 2014 ».
Mais la menace des fausses solutions continue de planer. Face à l’illégalité des différents projets d’installations de stockage et de traitement des déchets[3], le président du Syvadec, le syndicat de traitement des déchets de l’île, a demandé à Ségolène Royal une dérogation à la loi Littoral afin de pouvoir agrandir la décharge de Tallone et construire une usine de traitement mécano-biologique à proximité (TMB). La ministre de l’écologie a fort heureusement refusé fermement, mais la vigilance reste de mise. D’autres acteurs appellent quant à eux à rouvrir le débat sur l’incinération, qui s’était pourtant soldé il y a quelques années par un refus des élus de l’Assemblée de Corse de s’engager dans cette voie.
La vigilance reste donc de mise, en Corse comme ailleurs. Espérons que les élus de l’île sauront faire le bon choix et permettre à leur territoire de devenir un pionnier en France des démarches « zéro déchet, zéro gaspillage » !
[1] Cour des Comptes européenne, Rapport spécial n°20, 2012.
[2] Entre 2006 et 2009, la part de déchets biodégradables enfouis sur la quantité totale de déchets biodégradables est passée de 59% à 36%.
[3] Un jugement du tribunal administratif a déclaré illégal le projet de TMB à Tallone.