Défi 100 familles à Roubaix : une implication citoyenne
Le Défi Famille de Roubaix lancée par la mairie est un modèle de réussite de mobilisation citoyenne pour la réduction des déchets, surtout que le panel de familles sélectionnées est économiquement, culturellement et socialement très différent, montrant que le mode de vie zéro déchet est accessible par tous.
Devenir une ville “zéro déchet”. C’est l’objectif ambitieux que s’est fixé la ville de Roubaix depuis l’année dernière. Le “défi 100 familles” lancé par la mairie en janvier est une des premières pierres de la démarche.
Le principe est simple et l’expérience a d’ailleurs déjà été menée dans d’autres communes. Il s’agit de sélectionner des familles volontaires dont l’objectif durant plusieurs mois sera de réduire autant que possible leur production de déchets (moins 50 % en 1 an pour les familles de Roubaix). Des pesées régulières et le récit des participants via un blog ou une page sur les réseaux sociaux permet de suivre les avancées de chacun. L’expérience roubaisienne semble particulièrement intéressante et efficace en la matière.
Un dispositif efficace
En premier lieu, la centaine de familles volontaires sélectionnées présente une grande diversité économique, sociale et culturelle. On y trouve des familles d’élus municipaux, des ménages vivant en pavillon ou en habitat social, des commerçants, des habitants déjà sensibilisés aux problématiques environnementales ou au contraire très éloignés de ces préoccupations. Ce panel représentatif permet d’expérimenter l’application d’un mode de vie “zéro déchet” dans des contextes très différents et de “tester” des solutions variées selon les foyers. Le raisonnement derrière l’implication des familles dans le défi lancé n’est d’ailleurs lui-même pas unique. Ainsi, si certaines mettent en avant l’aspect environnemental, d’autres insistent sur les gains économiques réalisés grâce au “fait maison” et à l’achat en vrac.
En second lieu, l’implication de la mairie et les moyens affectés au développement et au suivi du dispositif du défi 100 familles sont conséquents. Chaque famille est invitée à peser de manière hebdomadaire ses déchets et à transmettre les données à la ville. Les agents municipaux s’enquièrent régulièrement des avancées des participants. Si cela n’évite pas les abandons en cours de route, ces contacts réguliers permettent de tisser des liens intéressants entre services de la ville et familles engagées.
Un site internet dédié a également été lancé et des ateliers sont organisés pour apprendre à réaliser les gestes qui permettent de réduire les déchets (faire un compost, fabriquer soi-même ses cosmétiques, cuisiner les restes…). Ouverts aux familles volontaires, ils permettent aux participants de se rencontrer, d’échanger les bonnes pratiques et les astuces du quotidien et d’apprendre les bons gestes.
Un levier pour la mobilisation autour du zéro déchet
Et le dispositif fonctionne bien. Après quelques mois, les familles engagées depuis le début de la démarche ont diminué leurs déchets de 30% à 50% en moyenne. Certaines ne produisent même quasiment plus de déchets non recyclables.
Surtout, au delà du résultat en termes de réduction des déchets, Roubaix a su faire de ce “défi 100 familles” l’un des fers de lance de la mobilisation citoyenne et de la communication autour de son objectif “zéro déchet”. Les familles engagées contribuent à diffuser les bonnes pratiques auprès de leur entourage, de leurs collègues de travail ou des commerces de proximité. L’opération 100 familles complète alors utilement d’autres initiatives lancées par la ville à destination des commerçants par exemple. Le défi est également mis en avant dans la communication de la ville. En accueillant Béa Johnson, célèbre auteur du livre Zéro déchet fin mars pour une conférence, la ville a pu ainsi mettre un nouveau coup de projecteur sur ces familles de citoyens volontaires. Ce faisant, la mobilisation citoyenne commence à prendre autour de l’objectif “zéro déchet” de la ville et sera sans doute un des facteurs majeurs de réussite de la démarche. Largement transposable à d’autres territoires, l’expérience roubaisienne pourrait bien inspirer d’autres collectivités.