Limiter le jetable
La lutte contre le "tout-jetable" est au cœur de la démarche Zero Waste. Elle vise à promouvoir des alternatives aux produits à usage unique qui peuplent notre quotidien et qui sont responsables de quantités considérables de déchets et d'une consommation irraisonnée des ressources planétaires.
Le phénomène du « produit à usage unique » est récent à l’échelle de l’histoire de nos sociétés. Concevoir et fabriquer un produit dont la durée de vie est extrêmement courte, entraînant en amont une consommation importante de ressources (chaque produit jeté doit être de nouveau fabriqué) et en aval une quantité considérable de déchets, aurait sans doute paru absurde à nombre de nos ancêtres.
Les objets « jetables » ont pourtant connu une croissance exponentielle depuis les années 60 et sont aujourd’hui omniprésents dans notre quotidien.
Plastique et emballages, suspects n°1
A l’origine de cet engouement pour le jetable, l’apparition d’un nouveau matériau : le plastique. Bon marché et léger, il est aujourd’hui massivement utilisé pour la fabrication d’objets à usage unique (emballages, lingettes nettoyantes, protection hygiéniques). En 2018, plus de 1 130 milliards d’emballages (le plus souvent en plastique) ont été utilisés pour la nourriture et les boissons rien que dans l’Union européenne, tandis que près de la moitié du plastique consommé en France sert à fabriquer des produits à usage unique.
Moins d’un tiers des déchets plastique sont collectés pour être recyclés ; au final, à l’échelle mondiale, 14 % seulement des emballages plastiques sont recyclés. Les objets et emballages en plastique à usage unique finissent donc dans la majorité des cas en décharge ou bien sont incinérés. Du fait de leur petite taille et des caractéristiques de consommation, certains sont abandonnés ou rejetés dans la nature, avec des conséquences désastreuses sur la flore et la faune. Chaque année, quelques 10 millions de tonnes de déchets plastiques finissent ainsi dans les océans – l’équivalent d’un camion toutes les minutes !
+ d’infos dans l’Atlas du PlastiqueDécouvrez les impacts environnementaux et sociaux de la production de plastique, et les stratégies des industries pour s’en déresponsabiliser dans Cash Investigation, sur France 2 – avec une intervention de Zero Waste France en fin d’émission.
Zero Waste France milite pour réduire drastiquement notre recours au plastique à usage unique en proposant l’interdiction de certains produits et usages, en demandant une fiscalité adaptée qui prenne en compte l’impact environnemental du plastique jetable, et en faisant la promotion des nombreuses alternatives existantes au plastique.
A la suite de cette mobilisation notamment, la loi anti-gaspillage de 2020 (loi AGEC) a mis en place de nouvelles interdictions de produits en plastique : cotons-tiges, assiettes, couverts … Cette loi a inscrit dans la réglementation des interdictions qui visent désormais des usages pour lesquels ces produits jetables, qu’ils soient en plastique ou dans un autre matériau, sont particulièrement problématiques et/ou peuvent être aisément remplacés par du réutilisable. C’est le cas par exemple de la mesure visant à rendre obligatoire les emballages et la vaisselle réutilisable pour les repas pris sur place dans les établissements de restauration.
Pour une réintroduction de la consigne en France
Au-delà des interdictions de produits à usage unique, il est essentiel de permettre le (re)développement de produits réemployables et/ou réutilisables. Une des solutions pour réduire la part des emballages jetables est bien connu : c’est la consigne pour réemploi. Système courant en France jusque dans les années 1970, elle a ensuite progressivement disparu à l’exception de cas spécifiques régionaux (Alsace) ou sectoriels (secteur des cafés, hôtels et restaurants).
Le principe de la consigne est simple : lors de l’achat de son produit, le client paye une petite somme supplémentaire (quelques centimes) qui lui seront rendus lorsqu’il rapporte le contenant (bouteille, bocal …) dans son commerce ou dans un point d’apport. Dans le cas d’un emballage en verre, le contenant ainsi récupéré peut être lavé et réutilisé. Par opposition, le recyclage d’une bouteille en verre nécessite de casser et de fabriquer de nouveau l’emballage, un processus plus gourmand en énergie.
Zero Waste France milite activement pour une réintroduction de la consigne à l’échelle nationale, notamment pour permettre le réemploi des emballages en verre. Au-delà des actions pour faire progresser la réglementation, l’association a également co-fondé le Réseau Consigne, une structure qui vise à accompagner et soutenir le développement d’initiatives autour de la consigne pour réemploi.
Encourager la vente en vrac
Autre alternative pour réduire les emballages à usage unique : la vente en vrac, qui permet à chacune et chacun de faire ses courses avec ses propres contenants réutilisables ou consignés.
Ce système connaît un essor important depuis quelques années, encouragé par des citoyen·nes désireux·euses d’en finir avec les emballages jetables. Si les rayons vrac étaient déjà présents dans certains magasins d’alimentation biologique, des épiceries 100% vrac ont fait leur apparition en France en 2014 tandis que des rayons vrac se développent de plus en plus dans les grandes et moyennes surfaces – le vrac poursuit sa démocratisation !
Zero Waste France encourage le développement de la vente en vrac, en faisant la promotion de ces nouvelles pratiques d’achat.
L’association a été à l’origine de la création du Réseau Vrac, association professionnelle qui fédère et accompagne plus de 1 800 professionnels de la filière en France et dans le monde.
Elle œuvre aussi pour encourager cette pratique auprès des commerçants traditionnels, par exemple en valorisant les commerces qui acceptent de servir les clients dans leurs contenants personnels réutilisables.
Loi Climat : pour plus d’ambition sur le vrac et la consigne !
En réponse aux propositions de la Convention citoyenne pour le climat, la loi Climat et Résilience s’est voulue la dernière grande loi environnementale du quinquennat. Elle a été l’occasion de demander aux parlementaires des mesures fortes sur le vrac et la consigne.
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