MAIF Ekiden de Paris 2019® : À quoi ressemble un évènement sportif engagé dans le zéro déchet ?
Ce dimanche 3 novembre 2019 à 9h précises, le top départ du MAIF Ekiden de Paris® était donné au pied de la Tour Eiffel. Parmi les nouveautés de cette 7ème édition, les sportives et sportifs ont pu apprécier les efforts de la Fédération Française d’Athlétisme, qui s’est engagée auprès de Zero Waste France.
Soutenu par La MAIF, partenaire titre de l’événement, Zero Waste France a eu l’opportunité d’accompagner la Fédération Française d’Athlétisme durant plusieurs mois dans une démarche zéro déchet, zéro gaspillage ; et ce, tout au long de l’organisation de ce marathon en relais.
Retour en images sur les réussites de ce week-end sportif :
Une consommation de plastique limitée
Sur le parcours ce dimanche, aucune bouteille d’eau individuelle ne jonchait le sol. Elles avaient été remplacées par des éco-cups réutilisables remplies grâce à des bonbonnes de grande contenance. Un investissement réfléchi de la part de la FFA, puisqu’elle a fait le choix d’acquérir un stock de gobelets sobres et non datés. Une décision loin d’être anecdotique qui permettra à la fédération de les réutiliser sur de nombreux autres événements. En effet, comme l’explique une étude menée par l’association Mountain Riders, il est nécessaire de réutiliser au minimum 7 fois ce type de contenants pour que leur impact environnemental soit inférieur à leurs homologues jetables (en prenant en compte tout le cycle de vie du produit en calculant la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’eau nécessaire au lavage).
« Exit donc l’époque du tout jetable dans l’univers de la course à pied ; ce dimanche, il était primordial de récupérer un maximum d’éco-cups afin d’ancrer la réutilisation comme nouveau geste dans l’esprit des sportives et sportifs. »
Une arrivée en vrac
Cette année, le ravitaillement final fût servi sur un plateau… non pas d’argent mais en vrac. Les traditionnels barres ou gels énergétiques sur-emballés ont été remplacés par des fruits, des morceaux de sucre et des parts de pain d’épices ; tous achetés en grands conditionnements (recyclables et recyclés). Ce sont donc près de 20 000 emballages alimentaires individuels qui ont ainsi été évités. Un système de comptabilisation simple mais efficace a permis aux bénévoles de gérer la distribution sans encombre et donc d’éviter également 10 000 sacs plastiques, dans lesquels étaient glissés l’ensemble des denrées lors des éditions précédentes.
Le choix de toilettes sèches
Comme l’année dernière, des toilettes sèches ont été mises à disposition des participant-es. Pas de raison en effet pour la FFA de revenir en arrière, puisque l’avantage de ce dispositif est triple : supprimer les détergents polluants utilisés par les WC chimiques, permettre la production de compost – rien ne se perd, tout se transforme ; et éviter le gaspillage d’eau potable : 10 litres sont sauvés à chaque utilisation !
Un défi Rien de neuf
La réduction des déchets se jouant dès l’acte d’achat, les sacs distribués aux coureurs ainsi que les ceintures-relais des années précédentes ont été réutilisés ; afin d’éviter la commande de matériel neuf superflu. (Plus d’informations sur le site du défi Rien de neuf)
Une stratégie de communication plus sobre
Ah, les flyers… Au mieux triés dans la poubelle de recyclage papier, au pire jetés au sol en un temps record. Ils deviennent des déchets encore plus rapidement qu’Usain Bolt ne parcourt le 100 mètres. Pour en finir avec ce gaspillage absurde, la FFA a donc pris la décision cette année (après discussion avec le service communication) de ne distribuer aucun support individuel ; soit près de 8 000 programmes et 12 000 flyers non imprimés. Les informations étaient bien sûr toujours accessibles sur le lieu (via de grands panneaux fixes), ainsi qu’en ligne sur le site de l’événement.
Le nombre de supports de visibilité neufs, tels que les panneaux et banderoles, ont également été revu à la baisse cette année.
Un évènement sans moquette
Non, vous ne vous êtes pas perdu-es en chemin dans la lecture de cet article. La moquette à usage unique est en réalité l’un des déchets les plus importants du secteur événementiel, y compris en extérieur, avec plus de 4 millions de m2 consommés par an rien qu’en France ! (source Ademe). Comme pour les flyers, la FFA a donc décidé cette année de s’en passer, tout simplement. (Plus d’informations : rapport Moquette, la planète au bout du rouleau publié par Zero Waste France en 2017)
Un dispositif de tri
En plus des 90 poubelles de tri bi-flux mises à disposition du public (pour les déchets qui n’ont pas pu être évités) ; un système de récupération des dossards a été testé pour la première fois par la FFA. Et malgré l’attachement de certain-es sportives et sportifs, l’opération a connu un beau succès, avec près de 15% des dossards récupérés puis envoyés au recyclage à l’issu de la course.
Des bénévoles engagé-es
L’association Zero Waste France était bien évidemment présente sur l’événement aux côtés de son partenaire La MAIF, afin d’attirer l’attention du public sur l’importance de la réduction des déchets et du gaspillage des ressources dans le secteur de l’événementiel sportif. Ces bénévoles ont également participé aux actions de récupération (éco-cups, dossards) citées précédemment aux côtés de leurs homologues FFA, qui avaient été d’ailleurs sensibilisés en amont de l’événement.
Enfin, l’association a mouillé le maillot, puisqu’elle était présente sur le parcours grâce à une équipe de Relayeurs Zero Waste Sport (la campagne lancée en mai 2019 par Zero Waste France, ndlr). En bouclant ce marathon ensemble en moins de 4h, ces sportives et sportifs engagé-es ont dépassé leurs limites, pas celles de la planète !
Comment aller encore plus loin ?
Le bilan de ce premier accompagnement de la Fédération Française d’Athlétisme par Zero Waste France est très encourageant. Il laisse aussi entrevoir de nombreuses perspectives à explorer pour cet organisateur, qui possède d’ores et déjà l’expérience d’une première édition réussie.
En travaillant davantage en amont et en anticipant certaines prises de décision cruciales (clauses spécifiques des contrats avec les sponsors, choix du parcours, formation des bénévoles, etc.) il serait par exemple réaliste d’espérer la mise en place de la collecte des biodéchets ou d’un dispositif de raccordement au réseau d’eau courante (afin de supprimer totalement le recours au plastique jetable).
Une réflexion autour de la distribution systématique de « goodies » pourrait aussi être menée afin de sortir de cette logique (sensibilisation des participant-es, alternatives immatérielles, médailles et trophés en option, suppression des T-shirts offerts, etc.).
L’amélioration de la signalétique, afin de réduire les erreurs de tri, ou le passage à des puces de chronométrage réutilisables pourraient également faire partie des actions menées par la Fédération Française d’Athlétisme… Mais aussi bien sûr de tous les autres acteurs de l’événementiel sportif.