Incinérateur d’Ivry-Paris XIII : le débat est ouvert
Paris, le 22 mai 2018 - L'ouverture de l'enquête publique sur l'incinérateur d'Ivry-Paris XIII permet aux associations de faire valoir à nouveau des alternatives à ce projet.
Alors que l’enquête publique sur le projet de reconstruction de l’usine d’incinération d’Ivry-Paris XIII s’ouvre aujourd’hui, Zero Waste France et le Collectif 3R rappellent l’incohérence de ce projet gigantesque (de l’ordre de 1 milliard d’euros de dépenses publiques) avec les objectifs décidés au niveau national et européen en matière d’économie circulaire. Les associations environnementales appellent plus que jamais à une remise à plat des hypothèses justifiant le projet, exercice auxquels elles ont d’ores et déjà contribué en élaborant un plan alternatif, le Plan B’OM dont une version actualisée sera présentée le 7 juin. L’enquête publique, passage obligé avant autorisation du projet par l’Etat, permet notamment l’analyse de l’étude d’impact.
Une dépense publique incohérente
Le Syctom (syndicat de traitement des déchets ménagers de Paris et 83 communes alentour) prévoit de dépenser environ 1 milliard d’euros dans la reconstruction de l’usine d’incinération d’Ivry-Paris XIII et son exploitation pendant 23 années. Cette décision repose sur des hypothèses de progression du tri ridiculement faibles : le Syctom considère que le taux de recyclage ne sera que de 27% en 2025, et 31% en 2030. Cela même, alors que les objectifs de la Loi de Transition Énergétique fixent la barre à 55% en 2020, et que l’Union européenne s’oriente vers un objectif à 55% pour 2025.
“Le Syctom traite 10% des déchets ménagers français, rappelle Flore Berlingen, directrice de Zero Waste France, un tel retard reviendrait donc à remettre en cause l’atteinte des objectifs non seulement à l’échelle régionale, mais aussi à l’échelle nationale, ce qui n’est pas acceptable compte tenu de l’urgence à agir”.
L’appel des associations à prendre le tournant de l’économie circulaire
Zero Waste France et le Collectif 3R continueront, tout au long de l’enquête publique, à faire entendre leur voix pour que la réduction des déchets, le recyclage et le compostage soient enfin mis au premier rang des priorités des dépenses publiques. “Notre objectif, c’est que soient appliquées en région parisienne les mesures qui ont fait leurs preuves ailleurs en France et en Europe” explique Anne Connan, co-présidente du Collectif 3R, “en Italie, la moyenne nationale est déjà à 50% de valorisation matière*!” (*recyclage + compostage)
Les associations environnementales avaient, dès les premières phases de concertation sur le projet, fait valoir des projections alternatives. Un plan avait été publié en 2015 pour esquisser les contours d’une politique publique permettant d’éviter la reconstruction de l’usine. Ce “Plan B’OM” réactualisé sera publié le 7 juin 2018, quelques jours avant la réunion publique organisée à Ivry le 14 juin dans le cadre de l’enquête publique. L’enquête publique, passage obligé avant autorisation du projet par l’Etat, permet notamment de débattre à propos de l’étude d’impact fourni par le maître d’ouvrage, laquelle doit inclure “Une description des solutions de substitution examinées et les principales raisons de son choix au regard des incidences sur l’environnement” (Source : Ministère de la transition écologique)