Ivry-Paris 13 : Réactions à l’Avis de l’Autorité environnementale
Paris, le 26 mars 2018 - L'avis de l'Autorité environnementale rendu aujourd'hui fait échos aux préoccupations exprimées par les associations sur la compatibilité du projet avec les politiques publiques de réduction des déchets.
L’Autorité environnementale a publié le 21 mars 2018 son avis sur le projet de reconstruction de l’usine de traitement des déchets Ivry-Paris XIII. Le Collectif 3R et Zero Waste France partagent les nombreuses questions soulevées par cet avis et constatent qu’il fait écho aux préoccupations exprimées par les associations sur la compatibilité du projet avec les politiques publiques de réduction des déchets, et plus particulièrement avec les dernières dispositions de la LTECV. L’Autorité environnementale remarque en outre que le Syctom n’a pas pris en compte le Plan B’OM (scénario alternatif produit par les associations) dans son étude d’impact et recommande qu’il fasse l’objet d’une présentation “au même titre que les autres scénarios de substitution”.
Les principales questions soulevées par l’Autorité Environnementale
L’Autorité environnementale conteste le calcul du gisement de déchets retenu par le Syctom et l’adéquation du projet avec les objectifs de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte. Les chiffres de la DRIEE, retenus par l’Autorité environnementale, qui sont également ceux des associations, diffèrent de 400 000 tonnes par rapport à ceux du Syctom: “ainsi les hypothèses “volontaristes” d’évolution retenues par Syctom (…) apparaissent en retrait des objectifs nationaux prévus par la LTECV.”
→ Le Collectif 3R et Zero Waste France rappellent qu’en effet que le Syctom prévoit de recycler 28% des ordures ménagères en 2025, alors que les objectifs de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte espèrent 65% de recyclage en 2025.
L’Autorité environnementale recommande par ailleurs au Syctom “de réexaminer la pertinence, au sein de l’UVO, de l’installation de traitement des ordures ménagères résiduelles”, puisque les dispositions de la LTECV prévoient à la fois une diminution du volume d’ordures ménagères résiduelles à traiter, et le tri à la source des biodéchets.
→ Le Collectif 3R et Zero Waste France notent que le projet de deuxième usine UVO (Unité de Valorisation organique) ne sera pas présenté en tant que tel à l’enquête publique en mai 2018, alors qu’il est pourtant étroitement lié au projet de première usine d’incinération (UVE) puisqu’il est prévu que les déchets de l’un soient traités par l’autre. Pour les associations, toute remise en question de l’une des deux usines doit donc entraîner une réflexion sur l’ensemble du projet.
Réactions du Collectif 3R et de Zero Waste France
Anne Connan, co-présidente du Collectif 3R : “Alors que le plan régional de prévention et de gestion des déchets est en cours d’élaboration, qui devra fixer pour les 12 années à venir les objectifs des politiques publiques de réduction et de gestion des déchets, et par conséquent se prononcer sur la pertinence des nouvelles installations de traitement des déchets, le Syctom base son projet sur des évaluations de gisement qui ne tiennent pas compte de la réglementation, des résultats à en attendre, des capacités d’ores et déjà mutualisées dans des incinérateurs de la périphérie de son territoire (Sarcelles, Argenteuil, Saint Thibault les Vignes), ni même de l’évolution de ses propres installations (Romainville)”.
Flore Berlingen, directrice de Zero Waste France : “Cet avis de l’Autorité environnementale confirme notre analyse : l’enjeu environnemental de ce projet n’est pas seulement celui de ses nuisances directes, mais bien de sa cohérence avec les nouvelles politiques publiques locales, nationales, et européennes en matière de réduction des déchets. La justification du projet Ivry-Paris XIII repose encore et toujours sur des orientations datant du tout début des années 2000, alors que l’économie circulaire et l’urgence de réduire le gaspillage de nos ressources n’étaient pas encore au cœur des politiques publiques. La situation a bien changé et il est temps de mettre la politique du Syctom en cohérence avec les priorités d’aujourd’hui et les attentes des habitants.”