Les larves mangeuses de plastique, miracle ou arnaque ?
La récente découverte d'une larve mangeuse de plastique serait-elle la solution miracle aux continents de plastique qui polluent les océans ?
Une équipe de chercheurs de l’Université de Cambridge a révélé que la larve Galleria mellonella, qui se nourrit habituellement de la cire des ruches d’abeilles, est également capable d’ingérer du polyéthylène, un polymère utilisé pour la fabrication de 40% des emballages dans le monde. Plus précisément, la chaîne carbonée du polyéthylène est dégradée par un processus biologique sectionnant chaque maillon qui se recombinent en éthylène glycol. De plus, la larve dégraderait le plastique plus rapidement que les autres méthodes étudiées actuellement. En bref, on aurait trouvé la solution face aux déchets de plastique dont on ne sait plus que faire !
Enfin presque… Car si comme le concluent les scientifiques, cette larve a un gros potentiel d’application en biotechnologie, quelques questions restent cependant en suspens. A commencer par savoir si la dégradation du plastique provient de la larve ou bien des bactéries se trouvant dans les entrailles de cette dernière. Dans le premier cas, il faudrait élever un nombre astronomique de larves pour dégrader suffisamment de plastique, or, ces larves sont des nuisibles, connues en apiculture pour leur capacité à manger la cire des ruches… Dans le second cas, il faudrait isoler la bactérie responsable de la dégradation puis isoler l’enzyme s’attaquant spécialement au polyéthylène et trouver un moyen de produire cette enzyme en grande quantité. C’est un procédé complexe mais parfaitement réalisable, comme l’a récemment démontré l’entreprise française Carbios. Cette solution reste toutefois imparfaite car le produit de la dégradation, l’éthylène glycol, est un produit toxique couramment utilisé comme antigel, un polluant que l’on n’aimerait pas voir s’ajouter dans les océans.
La solution est ainsi loin d’être au point et bien qu’elle suscite l’enthousiasme, elle suppose encore plusieurs années de recherche et passe sous silence de nombreux verrous technologiques ou environnementaux. Or, la production de plastique au niveau mondial augmente de jour en jour, les continents de plastique et les zones mortes dans les océans s’accroissent et participent chaque année à rendre notre écosystème planétaire plus instable.
La solution ne serait-elle pas plutôt, avant tout et plus simplement, d’éviter la consommation de plastique autant que possible ? Face à tant d’incertitudes scientifiques et technologiques, des alternatives existent déjà et enthousiasment de plus en plus de personnes, attirées par un mode de consommation respectueux de l’environnement et de la santé : le “zéro déchet”, qui applique la règle des “3 R” (Réduire, Réutiliser, Recycler). Pour l’alimentaire, on privilégiera ainsi les produits en vrac avec des emballages réutilisables ; pour les produits d’équipement, on fera le choix de produits éco-conçus qui s’inscrivent dans la logique de l’économie circulaire, soit, concrètement, des produits réparables, évolutifs et modulables, sobres et recyclables. En bref, repenser ses besoins et privilégier le durable, vers plus de sobriété. Si la solution miracle au plastique n’existe pas, on peut davantage attendre qu’elle vienne de nous plutôt que de larves !