Ce que la loi anti-gaspillage va changer en matière d’information des consommateurs (décryptage – 5/7)

La loi anti-gaspillage modifie la réglementation applicable à de nombreux secteurs : conception des produits, soutien aux alternatives. Le texte contient un article qui vise à améliorer l’information du consommateur au moment de l’achat d’un produit. Ces dispositions sont ambitieuses mais tout dépendra des décrets d’application.

Newsletter
Partager

Des informations nouvelles accessibles pour le consommateur

La loi anti-gaspillage contient un premier article général, une « disposition balai » qui habilite le Gouvernement à réguler en prévoyant que “les producteurs et importateurs de produits générateurs de déchets informent les consommateurs, par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage ou par tout autre procédé approprié, sur leurs qualités et caractéristiques environnementales, notamment l’incorporation de matière recyclée, l’emploi de ressources renouvelables, la durabilité, la compostabilité, la réparabilité, les possibilités de réemploi, la recyclabilité et la présence de substances dangereuses, de métaux précieux ou de terres rares” (article L541‑9‑1 du Code de l’environnement). Il s’agit ainsi d’une liste d’informations très vaste sans que ne soit précisé à ce stade lesquelles devront être obligatoirement transmises au consommateur et selon quelles modalités.

Le texte prévoit également que les consommateurs doivent être informés des bonus et malus auxquels sont soumis les produits dans le cadre des contributions versées au titre de la REP (responsabilité élargie des producteurs). Ces primes ou pénalités sont appliquées sur un large éventail de produits en fonction de diverses caractéristiques liées à leur réparabilité ou recyclabilité. L’information relative aux bonus ou malus payés par les entreprises pourrait ainsi permettre au consommateur de savoir comment se situe son produit par rapport à certains standards environnementaux de conception. Cela pourrait alors influencer son geste d’achat et constituer in fine une incitation à l’éco-conception plus forte pour les entreprises que la seule incitation financière par des bonus ou malus. 

Enfin, pour les produits électriques et électroniques, la loi anti-gaspillage prévoit le déploiement d’un indice de réparabilité. Semblable à l’étiquette énergie, cet indice a vocation à permettre au consommateur de savoir si le bien qu’il s’apprête à acheter est plus ou moins facilement réparable du fait de ses caractéristiques de fabrication (pièces facilement démontables, etc.). Cet indice devrait évoluer en 2024 vers un indice de durabilité, plus vaste puisqu’il prendrait aussi en compte la robustesse des pièces par exemple. La loi précise cependant que cet indice ne s’appliquerait “qu’à certains produits”. Dans la même logique, la loi renforce également les obligations d’information concernant la disponibilité des pièces détachées. Enfin, pour les éléments numériques, elle prévoit que le consommateur puisse connaître “la durée au cours de laquelle les mises à jour des logiciels fournis lors de l’achat du bien restent compatibles avec un usage normal de l’appareil” (article L217-21 du Code de la consommation).

En ce qui concerne les produits alimentaires enfin, la loi prévoit que “lorsqu’un produit alimentaire comporte une date de durabilité minimale, celle-ci peut être accompagnée d’une mention, précisée par décret, informant les consommateurs que le produit reste consommable après cette date”. 

Une volonté d’encadrer certaines pratiques de greenwashing

A l’inverse, la loi prévoit d’encadrer voire d’interdire certains slogans apposés sur les emballages et qui s’apparente souvent à du “greenwashing” portant à confusion pour le consommateur. 

Ainsi, il sera interdit d’apposer sur un emballage ou un produit la mention “biodégradables” ou encore “respectueux de l’environnement” (ou toute mention équivalente). La mention “compostable” sur les emballages et produits plastiques est quant à elle limitée aux emballages et produits compostables en compostage domestique, et pas uniquement industriel. De même, lorsqu’il est fait mention du caractère recyclé d’un produit, le pourcentage de matières recyclées effectivement incorporées dans le produit devra être précisé.

Des modalités de mise en oeuvre qui restent à définir

Si la loi anti-gaspillage paraît ambitieuse sur ce volet d’information du consommateur, reste que beaucoup d’éléments essentiels devront en réalité être précisés dans un décret d’application. 

Il en va ainsi par exemple des modalités d’affichage de ces informations. La loi prévoit en effet qu’elles devront être “visibles ou accessibles au moment de l’acte d’achat”, sans préciser si l’affichage en rayon ou sur le produit directement est obligatoire. De même, la liste précise des informations qui devront être obligatoirement rendues accessibles au consommateur pour chaque catégorie de produits reste à définir. 

Le décret d’application qui sera adopté sur la base de ces articles revêt donc une importance capitale et déterminera in fine l’ambition de ces dispositions

Actualités

à la une
17 décembre 2024

Tri à la source des biodéchets : un an après l’obligation, un bilan insuffisant

Un an après l’entrée en vigueur de l’obligation de tri à la source des biodéchets, Zero Waste France a interrogé ses groupes locaux et adhérent·es à travers le pays. Notre constat : l’accès à des [...]

16 décembre 2024

Décharges : comment réduire une source majeure de gaz à effet de serre ?

En France, près de 75% des émissions de gaz à effet de serre du secteur des déchets proviennent des décharges. Zero Waste France alerte face au méthane encore généré par la décomposition des biodé[...]

13 décembre 2024

2024 : Retour sur une année d’actions

Tout au long de l’année 2024, nous avons enquêté et alerté sur les dérives de la surproduction, interpellé les pouvoirs publics pour faire avancer la réglementation, et défendu une démarche zéro d[...]

10 décembre 2024

Textiles sanitaires à usage unique : une filière REP attendue, mais déjà décevante

Promise comme une avancée majeure, la filière REP pour les Textiles Sanitaires à Usage Unique se limite, dans son projet d’arrêté, aux seules lingettes. Pour Zero Waste France, cette restriction c[...]

04 décembre 2024

Traité International contre la pollution plastique : les ONG déterminées à obtenir un traité ambitieux

La cinquième réunion du Comité intergouvernemental de négociation (INC-5) pour un traité visant à mettre fin à la pollution plastique s'est conclue hier soir à Busan (Corée du Sud) sans parvenir à[...]

13 novembre 2024

SERD 2024 : Le réseau se mobilise pour une alimentation sans emballage ni gaspillage

La Semaine européenne de la réduction des déchets se déroule du 16 au 24 novembre 2024. Cette année, c’est l’alimentation qui est mise à l’honneur, et le réseau Zero Waste a concocté un programme [...]

07 novembre 2024

Traité plastique : les associations appellent la France à maintenir son leadership pour une réduction drastique de la production

Alors que la COP 29 s’ouvre ce lundi à Bakou, Zero Waste France, No Plastic In My Sea et Surfrider Foundation rappellent qu’un autre temps fort pour l’action internationale en faveur de l’environn[...]

07 novembre 2024

Régulation des plastiques à usage unique : où en est vraiment la France ?

Pionnière dès 2015 avec l’interdiction de certains produits en plastique à usage unique, la France s’est particulièrement fait remarquer en se fixant un horizon, via la loi AGEC, de la sortie des [...]

04 novembre 2024

Eau en bouteille plastique : une aberration sanitaire et environnementale

Présence massive de microplastiques dans l’eau en bouteille, scandales à répétition, accaparement d’un bien commun… L’embouteillage de l’eau est sous le feu des critiques. Mais que mettre en place[...]

14 octobre 2024

Interdiction des bouteilles en plastique de petit format : une nécessité pour combattre la pollution plastique

En pleine controverse sur les eaux embouteillées et à quelques semaines de la reprise des négociations internationales sur la pollution plastique, une proposition de loi visant à interdire les pet[...]