Mafia et déchets du BTP : la Seine-et-Marne (enfin) sous les projecteurs
Il aura fallu attendre la découverte d’un important réseau mafieux d’enfouissement illégal de déchets du bâtiment et des travaux publics (BTP) en mélange (dont une partie serait contaminée à l’amiante) pour que les médias et les autorités prennent la mesure de la situation désastreuse de la Seine-et-Marne, qui se retrouve depuis longtemps
Le 6 mars, après près de 10 mois d’enquête, 5 personnes ont été mises en examen, dont deux figures du grand banditisme parisien, Jean-Claude Hornec et son fils Loune, ainsi que l’agriculteur propriétaire du terrain de 18000 m2 en bordure de la Francilienne sur la commune de Villeparisis. Ils sont mis en examen pour extorsion de fonds en bande organisée, association de malfaiteurs en vue de commettre un crime et dépôts illégaux de déchets, dans une affaire de fraude à l’environnement.
Leur système ? Les malfaiteurs proposaient un service à prix cassé aux entreprises du BTP, mais au lieu d’évacuer leurs déchets dans des installations autorisées, ils les enfouissaient dans des terres agricoles de la Plaine de France, à l’Est de Paris. Des dizaines de camions auraient ainsi déversés des déchets dans des bas-côtés de la Francilienne, à hauteur de Villeparisis.
Sans la vigilance des citoyens et des associations environnementales du département, le système n’aurait sans doute jamais été mis à jour. Au-delà de sa dimension mafieuse, dont les médias font grand cas, cette histoire aura au moins permis de mettre sur le devant de la scène le cas de la Seine-et-Marne, le département francilien le plus vaste et sur lequel fleurissent depuis des années de nombreuses décharges, autorisées ou non de déchets du BTP. Composés essentiellement de gravats, ces déchets sont facilement recyclables. Mais faute d’incitations et de prise de conscience des professionnels, la filière ne se développe pas, les entreprises préférant quasiment systématiquement la solution la moins coûteuse : la mise en décharge.
Il est maintenant indispensable que les entreprises du bâtiment s’assoient autour d’une table avec les associations environnementales et l’État, pour trouver une solution à ce problème récurrent de l’élimination des déchets “dits inertes”.