Moquettes : une détox s’impose !
Paris, le 5 mars 2018 - Un rapport révèle la présence de substances toxiques pour la santé et l'environnement dans les moquettes vendues dans l'UE. Pour Zero Waste France, ce nouveau rapport démontre le besoin urgent de faire évoluer la manière dont nous produisons et dont nous utilisons de la moquette en Europe.
Des substances toxiques mises en cause dans une série de maladies sont présentes dans les moquettes vendues dans l’Union européenne (UE) : c’est ce que révèlent la European Public Health Alliance (EPHA) et la Health and Environment Alliance (HEAL) sur la base d’une nouvelle étude menée par Anthesis.
L’étude identifie plus de 59 substances dangereuses dans les moquettes, dont des perturbateurs endocriniens, des cancérogènes et autres composés mis en cause dans des maladies graves telles que des cancers, troubles de l’apprentissage ou de la fertilité. L’exposition à ces toxiques par inhalation, ingestion ou contact cutané peut s’avérer extrêmement dangereuse pour les femmes enceintes, les bébés et les jeunes enfants, particulièrement vulnérables aux expositions à des substances chimiques. Les professionnels de l’industrie des moquettes sont également en première ligne du fait de mesures de sécurité inadaptées. Beaucoup de ces substances toxiques persistent également dans l’environnement et peuvent impacter les écosystèmes. Dans certains cas, les effets sanitaires et environnementaux n’apparaissent que des décennies plus tard.
En outre, les substances toxiques présentes dans les moquettes sont des obstacles au recyclage, nuisent à la qualité du matériau recyclé final et au rapport coût-efficacité de l’opération de recyclage. Des réglementations moins exigeantes pour les matériaux recyclés peuvent conduire à la présence dans ce type de matériaux de substances chimiques pourtant interdites aujourd’hui, et donc impacter la santé. Par ailleurs au moins 37 substances toxiques ne font pas l’objet de restriction d’usage ou d’interdiction dans les moquettes. Les effets sur la santé et l’environnement d’un grand nombre d’entre elles n’ont d’ailleurs pas été évalués. 10 substances sont actuellement identifiées par l’UE comme substances extrêmement préoccupantes (SVHC) selon le règlement REACH, dont 4 seulement sont visées par une interdiction de mise sur le marché.
Le rapport émet une série de recommandations claires à l’encontre de l’UE, des Etats membres et des fabricants du secteur, avec pour objectif une approche basée sur la primauté de la santé dans l’économie circulaire. Les recommandations portent sur la protection de l’environnement et de la santé des citoyens européens par l’élimination des substances toxiques, le renforcement des règles applicables aux nouveaux produits, une règlementation plus rapide et plus exigeante des substances chimiques, une responsabilité élargie du producteur et des mesures d’éco-conception pour des moquettes sans toxiques.
« Cette étude montre clairement des lacunes dans le travail de la Commission européenne, qui n’a pas pris en compte les impacts sanitaires lors de l’élaboration de l’Initiative pour une Economie Circulaire », commente Nina Renshaw de la European Public Health Alliance (EPHA). « Elle peut remédier à cette situation en allouant les ressources nécessaires à l’évaluation des risques pour la santé, et en consultant des experts indépendants avant de formuler des propositions. Elle s’assurera ainsi que la santé des consommateurs est bien prise en considération, et qu’ils ne perdent pas confiance dans les produits recyclés. »
« Des matériaux sans danger pour la santé sont un élément clé pour des environnements intérieurs plus sains – fabriquer des moquettes sans substances toxiques serait un pas important pour la santé publique et pour une transition vers une économie circulaire non toxique en Europe », explique Genon K. Jensen de la Health and Environment Alliance (HEAL). « Les recommandations faites à la Commission européenne d’accélérer la mise en œuvre de la réglementation existante comme le règlement REACH – en liaison avec les Etats membres – et de respecter son engagement de publier une Stratégie pour un Environnement non-toxique en 2018 sont justifiées. La Commission doit saisir l’opportunité de prévenir de nombreuses maladies chroniques en réduisant l’exposition aux substances toxiques des populations, en particulier des plus fragiles que sont les bébés, les enfants et les travailleurs exposés. »
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