10 avril 2019
Flore Berlingen

N’offrez plus de sacs en coton !

Haro sur le totebag ! Les offrir à l'occasion d'un événement, ou au sein de son entreprise est une fausse bonne idée. On vous explique pourquoi dans cet article, avec quelques idées pour faire autrement.

Newsletter
Partager

A l’approche des Festivals de l’été ou de la semaine du développement durable, vous êtes peut-être sur le point de finaliser une commande de «totebags», ces sacs en coton souvent joliment décorés aux couleurs d’un événement ou d’une entreprise. Pas si vite ! Derrière l’intention, l’image ou le message écologiques (« utilisez-moi plutôt qu’un sac plastique ! »), la réalité environnementale de cette action est tout autre.

La production d’un sac en coton neuf est en effet extrêmement coûteuse en ressources : eau, énergie, matières premières. A tel point que sa fabrication peut être totalement contre-productive par rapport à l’intention de départ qui était de promouvoir une démarche écologique. Le scénario du pire : le totebag est utilisé quelques fois avant de rejoindre, au fond d’un placard, une collection de sacs accumulés à diverses occasions. Ou jeté à la poubelle, et donc brûlé ou enfoui en décharge.

Pour être rentable, d’un point de vue écologique, le sac réutilisable doit permettre  d’éviter l’utilisation de dizaines, centaines voire milliers de sacs à usage unique. Nous n’entrerons pas ici dans le détail des ACV (analyses de cycle de vie) qui permettent de le prouver et de le chiffrer précisément, car elles sont spécifiques à chaque sac produit et peuvent varier selon les conditions de fabrication, les matériaux utilisés, etc. Le nombre de réutilisations nécessaires pour rendre le bilan positif est ainsi variable selon le choix du sac réutilisable, mais aussi selon le type de sac à usage unique qu’il remplace, d’où la largeur de la fourchette indiquée plus haut. Et la pondération des différents critères d’impact environnemental n’étant pas un choix neutre, la lecture d’une ACV doit en outre se faire avec un certain recul critique.

Mais retenons l’essentiel, c’est à dire que le principe évoqué plus haut est valable même en cas d’écoconception des sacs, même s’ils sont en coton bio et équitable, même s’il s’agit d’une autre fibre innovante issue du recyclage d’un quelconque plastique. Sans un nombre suffisant de réutilisations (et je parle des réutilisations qui évitent effectivement l’utilisation d’un sac jetable, pas d’un usage en guise de sac à main par exemple…) l’impact environnemental sera globalement négatif, du fait de la phase de production du sac neuf.

L’alternative : utiliser des sacs déjà en circulation ! #riendeneuf

Cher.e.s organisateurs.trices d’événements : cet impact négatif n’étant certainement pas ce que vous visiez initialement, il est peut être encore temps d’annuler la commande ! Le sac « goodies » est certainement apprécié des visiteurs de votre événement (et nous sommes conditionnés à accepter les cadeaux !) mais rappelons l’évidence : ce n’est pas la raison pour laquelle ils participent. S’il est particulièrement important pour vous d’offrir un souvenir supplémentaire aux participants, pourquoi ne pas inviter un artisan-sérigraphe à animer un atelier ou à sérigraphier sur place des totebags ordinaires apportés par les participants ou collectés à l’avance ?

Cher.e.s responsables RSE, vous qui souhaitiez sensibiliser vos collaborateurs : voici une occasion idéale de faire de la pédagogie. Organiser une collecte de sacs réutilisables peut être l’occasion d’expliquer la notion de cycle de vie (par la diffusion d’une vidéo, quelques panneaux explicatifs ou encore l’intervention d’un.e expert.e). Les sacs rassemblés pourront au choix : servir à ceux qui n’en sont pas encore équipés, constituer un stock à usage de tous et judicieusement placé à la sortie des bureaux pour faciliter les courses du midi ou du soir (l’idée étant de re-déposer les sacs dans ce stock à son retour pour les faire circuler le plus possible), être rassemblés par taille et couleur pour une customisation future (cf idée ci-dessus à l’attention des organisateurs d’événements).

Cher.e.s gérant.es de boutiques, qui cherchiez la solution la plus écologiquement acceptable pour dépanner les clients venus sans leur sac : pourquoi ne pas instaurer un point d’apport et de « libre-service » de ces sacs réutilisables que nous avons tendance à accumuler ? Solution testée et approuvée à la Maison du Zéro Déchet !

Cher.e.s créateurs.trices, qui utilisez le sac en coton comme une surface d’expression et un vecteur de diffusion de votre identité graphique : le réemploi peut être une solution pour éviter la commande de sacs vierges et neufs. Première option, dans une démarche upcycling artisanale qui donnera encore plus de valeur à votre collection : récupérer des sacs totebags en bon état, et les retourner pour en sérigraphier ou imprimer l’envers. Autre possibilité : commander auprès d’un atelier de couture ou d’une ressourcerie la fabrication de sacs à partir de tissus récupérés, ou, à défaut auprès d’un acteur spécialiste de la fibre recyclée, et fabricant en France, comme Indispensac.

NB : ce raisonnement vaut aussi pour les mugs, gourdes, ou tout autre cadeau à intention écologique… « Il n’y a pas de goodies utiles » pourrait être le titre de notre prochain article !

Actualités

09 janvier 2025

Loi Industrie Verte : Notre Affaire à Tous et Zero Waste France demandent au Conseil d’État l’annulation des décrets d’application

Notre Affaire à Tous et Zero Waste France contestent devant la justice la légalité de trois décrets d’application de la loi Industrie Verte. Ils opèrent en effet un détricotage massif du droit de [...]

à la une
01 janvier 2025

Interdictions au 1ᵉʳ janvier 2025 : éviter les retours en arrière

De nouvelles dispositions réglementaires s’appliquent au 1ᵉʳ janvier 2025, concernant notamment l’interdiction de plastique à usage unique. Zero Waste France décrypte les nouveautés et alerte sur [...]

17 décembre 2024

Tri à la source des biodéchets : un an après l’obligation, un bilan insuffisant

Un an après l’entrée en vigueur de l’obligation de tri à la source des biodéchets, Zero Waste France a interrogé ses groupes locaux et adhérent·es à travers le pays. Notre constat : l’accès à des [...]

16 décembre 2024

Décharges : comment réduire une source majeure de gaz à effet de serre ?

En France, près de 75% des émissions de gaz à effet de serre du secteur des déchets proviennent des décharges. Zero Waste France alerte face au méthane encore généré par la décomposition des biodé[...]

13 décembre 2024

2024 : Retour sur une année d’actions

Tout au long de l’année 2024, nous avons enquêté et alerté sur les dérives de la surproduction, interpellé les pouvoirs publics pour faire avancer la réglementation, et défendu une démarche zéro d[...]

10 décembre 2024

Textiles sanitaires à usage unique : une filière REP attendue, mais déjà décevante

Promise comme une avancée majeure, la filière REP pour les Textiles Sanitaires à Usage Unique se limite, dans son projet d’arrêté, aux seules lingettes. Pour Zero Waste France, cette restriction c[...]

04 décembre 2024

Traité International contre la pollution plastique : les ONG déterminées à obtenir un traité ambitieux

La cinquième réunion du Comité intergouvernemental de négociation (INC-5) pour un traité visant à mettre fin à la pollution plastique s'est conclue hier soir à Busan (Corée du Sud) sans parvenir à[...]

13 novembre 2024

SERD 2024 : Le réseau se mobilise pour une alimentation sans emballage ni gaspillage

La Semaine européenne de la réduction des déchets se déroule du 16 au 24 novembre 2024. Cette année, c’est l’alimentation qui est mise à l’honneur, et le réseau Zero Waste a concocté un programme [...]

07 novembre 2024

Traité plastique : les associations appellent la France à maintenir son leadership pour une réduction drastique de la production

Alors que la COP 29 s’ouvre ce lundi à Bakou, Zero Waste France, No Plastic In My Sea et Surfrider Foundation rappellent qu’un autre temps fort pour l’action internationale en faveur de l’environn[...]

07 novembre 2024

Régulation des plastiques à usage unique : où en est vraiment la France ?

Pionnière dès 2015 avec l’interdiction de certains produits en plastique à usage unique, la France s’est particulièrement fait remarquer en se fixant un horizon, via la loi AGEC, de la sortie des [...]