Plainte STOP PUB contre Intermarché et Pizza Hut : classement sans suite avec rappel à la loi
Le 30 août 2018, Zero Waste France et Zéro Déchet Strasbourg portaient plainte contre deux établissements strasbourgeois d'Intermarché et Pizza Hut, pour non-respect du STOP PUB. Six mois après cette première, le Procureur de la République a décidé de classer la plainte sans suite, tout en adressant aux enseignes un rappel à la loi.
Classement sans suite avec rappel à la loi
Un premier pas est donc franchi pour démontrer que le non-respect de cet autocollant constitue effectivement une contravention, est pris au sérieux et pourra un jour exposer à des poursuites.
Il s’agit d’une décision encourageante, vers une reconnaissance que le non-respect du STOP PUB constitue effectivement une infraction pénale. Pour mémoire, la plainte déposée par Zero Waste France et Zéro Déchet Strasbourg se fondait sur l’article R633-6 du Code pénal qui dispose que : « […] est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 3e classe le fait de déposer, d’abandonner, de jeter ou de déverser, en lieu public ou privé, à l’exception des emplacements désignés à cet effet par l’autorité administrative compétente, des ordures, déchets, déjections, matériaux, liquides insalubres ou tout autre objet de quelque nature qu’il soit, y compris en urinant sur la voie publique, si ces faits ne sont pas accomplis par la personne ayant la jouissance du lieu ou avec son autorisation » (amende de 450€ – multiplié par 5 pour les personnes morales).
En classant sans suite, le Procureur a en revanche considéré, en vertu de son pouvoir d’appréciation, qu’il n’était pas « opportun » d’engager des poursuites au regard de la gravité des faits. Il a en somme considéré qu’il était nécessaire de laisser une chance aux enseignes identifiées, en leur adressant cet avertissement sous la forme d’un rappel à la loi.
Cette décision n’est donc pas surprenante puisqu’il s’agissait d’une première du genre, appelant à une action pérenne et progressive. Ce dossier de plainte était très pédagogique : le rappel à la loi qui en découle est une première pierre pour la construction d’une jurisprudence claire, établissant le fait que ne pas respecter le STOP PUB constitue une contravention et peut être sanctionnée. Voilà qui jette une base intéressante pour de futures actions.
Un rappel à la loi, et après ?
Depuis 2017, un groupe facebook permet, à Strasbourg, de tracer les enseignes ne respectant pas l’autocollant. Plus de 900 personnes sont désormais membres de ce groupe qui permet de collecter des statistiques, établir des recoupements, et mobiliser les citoyens. Premier constat sur le terrain, le non-respect du STOP PUB par les enseignes Intermarché et Pizza Hut en local a presque disparu depuis le dépôt de la plainte en août 2018. Cela démontre bien que les enseignes ont les moyens pour faire respecter le STOP PUB lorsqu’elles le veulent, en particulier en passant cette consigne très clairement à leurs prestataires de distribution. Cela est d’autant plus possible que les sociétés de distribution comptabilisent avec précision les STOP PUB sur les boîtes, et pourraient adapter les quantités distribuées.
A l’échelle de la France, cette action a suscité de l’intérêt auprès de beaucoup d’autres groupes locaux Zero Waste. Des actions citoyennes sont montées ainsi que des dossiers juridiques. En fonction des circonstances locales, de nouvelles actions pourront être enclenchées dans les prochains mois, en testant le cas échéant d’autres modalités. Par exemple, d’autres catégories d’entreprises régulièrement contrevenantes comme les agences immobilières pourraient aussi être incriminées, ainsi que celles des sociétés de distribution les moins coopératives. En outres, des pratiques de « dépôts sauvages » se développent fortement et ne sont pas plus acceptables (paquets de publicités au pied des immeubles ou dans les halls). Les méthodes de preuve aussi pourraient évoluer (caméras placées dans certains halls, multiplication des constats d’huissier, flagrant délit, etc.).
Localement, Zéro Déchet Strasbourg entend bien sûr accentuer la sensibilisation et la distribution de STOP PUB, qui reçoivent toujours un très bon accueil du public (15 000 distribués en 2018). Bien sûr les enseignes précédemment incriminées vont faire l’objet d’un suivi spécifique pour éviter tout relâchement. Enfin, le classement trimestriel des contrevenants les plus récurrents se poursuit afin d’alerter les enseignes concernées.