Plan B’OM : 2 milliards d’euros à rediriger vers l’économie circulaire
Zero Waste France et le Collectif 3R proposent un plan alternatif au projet de reconstruction de l'incinérateur d'Ivry Paris 13.
Eviter la reconstruction d’une double usine de traitement des déchets à Ivry-Paris 13, et utiliser autrement les 2 milliards d’euros de dépense publique associée : c’est l’objectif de la proposition alternative publiée par Zero Waste France et le Collectif 3R, soutenues par un collectif d’associations locales et nationales. Cette publication intervient alors que l’enquête publique sur le projet de reconstruction de l’usine d’incinération d’Ivry-Paris XIII est en cours, depuis le 22 mai et jusqu’au 25 juin 2018. Les associations rappellent l’incohérence de ce projet gigantesque avec les objectifs de recyclage décidés aux niveaux national et européen, et avec les nouvelles obligations de tri décidées depuis 2015. Elles appellent à une remise à plat des hypothèses justifiant le projet, exercice qu’elles présentent avec une toute nouvelle version de leur scénario alternatif, le Plan B’OM.
Un scénario alternatif pour rattraper le retard de la région parisienne
Le Plan B’OM s’attaque à la source du problème : la quantité de déchets non triés par habitant sur le territoire du Syctom, qui est bien supérieure à la moyenne nationale(328 kg contre 261 kg). Pour rattraper ce retard et agir à la fois sur la réduction à la source et sur le tri, il propose 5 chantiers prioritaires, déclinés en 12 actions concrètes à engager dès 2019. Leur déploiement permettrait de diminuer la quantité d’ordures ménagères à incinérer, jusqu’à un tonnage pouvant être pris en charge entièrement par les deux autres usines existantes. “Il est urgent de se donner les moyens de réduire enfin la quantité de déchets incinérés en région parisienne, pour des raisons environnementales et sanitaires bien sûr, mais aussi économiques” explique Flore Berlingen, directrice de Zero Waste France. “Le Paquet Economie circulaire adopté en mai 2018 fixe un objectif de recyclage à 60 % en 2030, nous en sommes très loin, ce qui nous expose à des pénalités de l’Union européenne”. En effet, le Syctom est en effet le plus gros syndicat de traitement des déchets français, il prend en charge à lui seul environ 10% des déchets ménagers du pays. Une contre-performance sur le territoire pourrait donc entraîner une non-atteinte des objectifs à l’échelle nationale, et d’éventuelles sanctions à l’instar de ce qui se déroule actuellement en matière de qualité de l’air.
2 milliards d’euros à utiliser autrement
Le Plan B’OM vise aussi à montrer que le bon calcul, d’un point de vue économique pour les collectivités locales, est celui de la prévention et du tri des déchets. En effet, compte-tenu d’une part du coût d’investissement colossal pour les usines prévues, et d’autre part du renchérissement prévisible de l’incinération des déchets dans les années à venir (le gouvernement a notamment annoncé une augmentation de la TGAP), le Plan B’OM apparaît comme une solution nettement moins coûteuse. “Le Syctom prévoit d’engager au moins 2 milliards d’euros au total dans ce projet, alors que les collectivités peinent à mettre des moyens dignes de ce nom au service de la réduction et du tri des déchets ! Si on utilise une partie de ce budget pour mieux accompagner les habitants et mettre en place de nouveaux services et infrastructures d’économie circulaire, nous serons tous gagnants” plaide Anne Connan, co-présidente du Collectif 3R.
Zero Waste France et le Collectif 3R appellent à saisir l’opportunité que présente cette situation, pour planifier une transition vers l’économie circulaire à horizon 2030.