25 avril 2018
Thibault Turchet

Un statut juridique clarifié par arrêté pour le compostage de proximité

Très attendu, un arrêté ministériel paru en avril 2018 clarifie la réglementation et sécurise la situation juridique des composteurs de proximité recevant jusqu'à 52 tonnes de biodéchets par an.

Newsletter
Partager

Ce statut juridique clarifié et adapté par arrêté (disponible ici) va ravir les adeptes du compostage de proximité, et faciliter le développement des nombreux projets des particuliers, des associations et des collectivités locales.

Un statut spécifique pour le « compostage de proximité » (jusqu’à 52 tonnes de biodéchets par an)

Le statut des grandes installations de compostage ou de méthanisation était bien connu depuis plusieurs années. Au-delà d’un certain tonnage annuel fixé à 730 tonnes et plus par an, ces installations industrielles sont en effet soumises au régime des « installations classées pour la protection de l’environnement » (nécessitant alors l’accomplissement de certaines formalités).

Mais concernant les composteurs collectifs de petite taille, un certain flou juridique freinait  parfois les porteurs de projet. Le ministère de l’agriculture, dans un arrêté du 9 avril 2018 (voir articles 17 à 21), vient clarifier cette situation en encadrant ces composteurs « collectifs », désormais autorisés à accueillir jusqu’à 52 tonnes de biodéchets par an. Le « compostage de proximité » est ainsi défini en deux catégories :

  • le compostage « partagé », regroupant des particuliers, des associations, des restaurateurs et/ou des collectivités ;
  • le compostage  « autonome en établissement », au sein d’un établissement producteur de déchets de cuisine et de table.

Une réglementation facilitant la mise en place des projets et l’utilisation des composts

Ces sites sont ainsi exemptés d’agrément sanitaire pour le traitement des sous-produits animaux de catégorie 3 (restes de repas contenant de la viande et d’autres produits animaux). L’arrêté prévoit simplement qu’il faudra désigner une personne physique ou morale « responsable de la bonne gestion du site« , et assurer une bonne montée en température et une saine gestion de l’installation.

Côté utilisation des composts, l’arrêté autorise clairement la distribution des matières aux personnes ayant apporté des biodéchets au composteur, ainsi qu’à l’exploitant du site, en vue d’une utilisation directe sur les sols ou hors sol, y compris pour des activités de jardinage. La cession à titre gratuit ou onéreux du compost à des tiers est également possible, moyennant dans ce cas le respect d’une norme obligatoire (NF U 44-051), toujours pour un usage local.

Cet « usage local » est défini par le texte comme « une valorisation dans l’intercommunalité ou la communauté de communes, et les communes limitrophes« , ce qui ouvre de bonnes perspectives pour l’usage des composts produits.

Zero Waste France, qui a activement participé aux discussions engagées depuis 2016 par le Ministère de l’agriculture et le Ministère de la transition écologique, salue la publication de cet arrêté. Alors que certains industriels du secteur ont parfois tenté de limiter le développement du compostage de proximité, ce texte va permettre de rassurer les nombreux porteurs de projets locaux. Souvent découragés par une réglementation auparavant peu lisible et non fixée de façon claire dans un texte, ils peuvent désormais se fonder sur cet arrêté adapté aux pratiques locales.

Actualités

21 février 2025

DEVOIR DE VIGILANCE EN MATIÈRE DE PLASTIQUE : LES ONG ET DANONE PARVIENNENT À UN ACCORD DANS LE CADRE D’UNE MÉDIATION

En janvier 2023, la coalition d’ONG ClientEarth, Surfrider Foundation Europe, et Zero Waste France assignait la société Danone pour non-respect à leurs yeux du devoir de vigilance en matière de pl[...]

11 février 2025

Règlement emballages (PPWR) : un socle minimal pour des politiques publiques de prévention et de réemploi ambitieuses

Dans le cadre du Pacte Vert, la Commission européenne dévoilait fin 2022 son projet de texte visant à harmoniser les règles relatives aux emballages. Le règlement dit “PPWR” entre finalement en vi[...]

à la une
10 février 2025

5e anniversaire de la loi AGEC : la France doit redoubler d’efforts pour sortir du tout-jetable

Promulguée le 10 février 2020, la loi AGEC a initié un élan pionnier en faveur de la réduction des déchets et de la préservation des ressources. 5 ans plus tard, No Plastic In My Sea, Surfrider Fo[...]

20 janvier 2025

Aux côtés de 86 organisations, Zero Waste France quitte X

Zero Waste France s'associe à 86 associations et syndicats qui annoncent quitter collectivement le réseau social X (ex-Twitter) ce lundi 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump. En soute[...]

09 janvier 2025

Loi Industrie Verte : Notre Affaire à Tous et Zero Waste France demandent au Conseil d’État l’annulation des décrets d’application

Notre Affaire à Tous et Zero Waste France contestent devant la justice la légalité de trois décrets d’application de la loi Industrie Verte. Ils opèrent en effet un détricotage massif du droit de [...]

01 janvier 2025

Interdictions au 1ᵉʳ janvier 2025 : éviter les retours en arrière

De nouvelles dispositions réglementaires s’appliquent au 1ᵉʳ janvier 2025, concernant notamment l’interdiction de plastique à usage unique. Zero Waste France décrypte les nouveautés et alerte sur [...]

17 décembre 2024

Tri à la source des biodéchets : un an après l’obligation, un bilan insuffisant

Un an après l’entrée en vigueur de l’obligation de tri à la source des biodéchets, Zero Waste France a interrogé ses groupes locaux et adhérent·es à travers le pays. Notre constat : l’accès à des [...]

16 décembre 2024

Décharges : comment réduire une source majeure de gaz à effet de serre ?

En France, près de 75% des émissions de gaz à effet de serre du secteur des déchets proviennent des décharges. Zero Waste France alerte face au méthane encore généré par la décomposition des biodé[...]

13 décembre 2024

2024 : Retour sur une année d’actions

Tout au long de l’année 2024, nous avons enquêté et alerté sur les dérives de la surproduction, interpellé les pouvoirs publics pour faire avancer la réglementation, et défendu une démarche zéro d[...]

10 décembre 2024

Textiles sanitaires à usage unique : une filière REP attendue, mais déjà décevante

Promise comme une avancée majeure, la filière REP pour les Textiles Sanitaires à Usage Unique se limite, dans son projet d’arrêté, aux seules lingettes. Pour Zero Waste France, cette restriction c[...]