Traité International contre la pollution plastique : les ONG déterminées à obtenir un traité ambitieux
La cinquième réunion du Comité intergouvernemental de négociation (INC-5) pour un traité visant à mettre fin à la pollution plastique s'est conclue hier soir à Busan (Corée du Sud) sans parvenir à un accord, nécessitant une session supplémentaire (INC 5.2) pour résoudre les points de blocage.
Malgré le soutien majoritaire en faveur de mesures ambitieuses, les discussions ont été freinées par les intérêts d’une minorité d’états ayant de grands intérêts économiques liés au pétrole, retardant des avancées cruciales comme la réduction de la production de plastique, l’élimination des substances nocives et la mise en place de financements adaptés.
Il est à noter que 220 lobbyistes représentants de l’industrie fossile et chimique étaient présents sur place afin de faire pression sur les négociateurs. Pendant ce temps, les observateurs (scientifiques, ONG, Populations autochtones) se voyaient refuser l’accès aux salles de négociations, les empêchant ainsi de voir leurs messages ambitieux être reflétés dans le texte final.
Nos ONG gardent malgré tout pleine confiance dans la réalisation d’un traité ambitieux, notamment grâce à de nombreux pays qui ont élevé leur voix pour exiger un traité respectant le principe érigé lors de la cinquième Assemblée des Nations unies pour l’Environnement : adopter un texte juridiquement contraignant et englobant toute la chaîne de valeur du plastique. Des pays comme le Panama ont fait, à plusieurs reprises, des interventions marquantes qui peuvent avoir un impact sur la qualité du texte à adopter.
Lors de la plénière finale, des pays toujours plus nombreux, dont le Rwanda, représentant à lui seul 85 pays, ont exprimé leur soutien à une stratégie ambitieuse visant à réduire la production mondiale de plastique, suscitant des tonnerres d’applaudissements. C’est ce type de messages diplomatiques essentiels, témoins du soutien important pour un traité ambitieux, qui peut donner confiance.
Nos ONG ne sous-estiment malgré tout pas les difficultés à surmonter car de très nombreuses résistances restent à lever pour garantir un avenir qui tient compte de la protection de l’environnement, des droits humains et de la santé.
C’est pourquoi nos ONG, ainsi que tous les membres du mouvement international Break Free From Plastic dont nous sommes membres, vont continuer à travailler avec pugnacité pour obtenir un traité ambitieux.
Le risque d’un traité trop vague ou trop généraliste renverrait les modalités effectives à des COP (Conference of Parties) dont les exemples récents (l’échec de la COP 29 à Bakou) nous ont montré les limites.
Nos ONG No Plastic in My Sea, Surfrider Foundation et Zero Waste France vont ainsi continuer à travailler avec les négociateurs français et européens afin qu’ils maintiennent la pression nécessaire à l’obtention de ce texte lors d’une prochaine session de négociations, idéalement début 2025.
À propos du Traité mondial sur les plastiques
Le 2 mars 2022, les Nations Unies ont approuvé un accord historique visant à créer le tout premier traité mondial sur la pollution plastique, adopté à l’issue de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA 5.2). Le mandat, intitulé « Mettre fin à la pollution plastique : Vers un instrument international juridiquement contraignant », permet de négocier un traité qui couvrira des mesures tout au long du cycle de vie du plastique. Un comité international de négociation (CIN) est chargé de rédiger le traité d’ici fin 2024.
CP de BFFP [EN]