Tri mécano-biologique : des projets locaux contraires aux orientations nationales
Paris, le 12 novembre 2014 – Malgré l'objectif réglementaire de tri à la source des biodéchets, de nombreux projets de construction d’installations de TMB, qui proposent de séparer la fraction organique des ordures ménagères résiduelles (OMR) par un procédé industriel controversé, continuent de fleurir un peu partout en France.
Avec la présentation du projet de Plan national déchets 2014-2020, qui comporte un objectif de généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici 2025, la Ministre de l’écologie Ségolène Royal vient de confirmer l’ambition affichée par l’Assemblée nationale à l’issue du vote de la loi de transition énergétique pour la croissance verte [1].
Pourtant, de la Bretagne à la Corse, en passant par Tarbes (65) et Rochefort (17), ce sont plusieurs installations destinées à trier les OMR en mélange pour faire du compost, qui viennent ou sont sur le point d’être autorisées par les services déconcentrés de l’Etat, alors même que celui-ci manifeste sa volonté de voir ce tri effectué par les entreprises et les citoyens eux-mêmes, pour garantir un compost de la meilleure qualité qui soit et répondre ainsi aux exigences grandissantes des agriculteurs [2].
« Il y a un vrai problème de cohérence entre les ambitions politiques affichées au niveau national et les décisions des élus locaux sur le terrain, concernant des installations qui désengagent leur collectivité de toute réflexion sur le tri à la source des biodéchets pour au moins 15 ans » regrette Delphine Lévi Alvarès, responsable du plaidoyer et des relations institutionnelles de Zero Waste France.
Zero Waste France en appelle donc au bon sens des élus et les encourage à s’engager dès aujourd’hui dans la voie d’avenir que constitue tri à la source des biodéchets, tant au niveau français qu’au niveau européen [3], et que de nombreux citoyens appellent de leurs vœux [4]. En Europe, la ville de Milan parvient déjà à collecter chaque année près de 80% du gisement de biodéchets de ses 1,4 millions d’habitants, et cette collecte sera obligatoire dès l’année prochaine en Allemagne. Dans les années à venir, pour s’inscrire dans un contexte de transition, il conviendra également d’étudier la reconversion des installations de TMB françaises existantes pour d’autres usages, notamment l’affinage de compost issu de collecte séparée de biodéchets et/ou la stabilisation des déchets avant mise en décharge.
[1] L’article 19 modifié précise en effet que « [le service public de gestion des déchets] progresse dans le tri à la source des déchets organiques, jusqu’à sa généralisation pour tous les producteurs de déchets d’ici à 2025, pour que ceux-ci ne soient plus collectés dans les ordures ménagères résiduelles puis éliminés, mais valorisés. Par ailleurs, le déploiement de nouvelles installations de tri mécano-biologique d’ordures ménagères résiduelles en vue de la valorisation en épandage agricole doit être évité. »
[2] Voir notre communiqué de presse du 3 juin 2014
[3] Le paquet économie circulaire présenté par la Commission européenne en juillet 2014 prévoit ainsi que « afin de réduire au minimum le risque de contamination des déchets, les États membres font en sorte de mettre en place une collecte séparée des biodéchets d’ici à 2025 ».
[4] Zero Waste France (anciennement Cniid) s’est fait le porte-parole de cette demande via sa campagne “Je veux mon bac bio”, lancée en juin 2013.