Tri à la source des biodéchets : l’ADEME publie des recommandations à destination des collectivités

La Loi de transition énergétique votée en 2015 prévoit qu’à l’horizon 2025, chaque citoyen devra disposer d’une solution pour trier ses déchets alimentaires et de jardin séparément.

Newsletter
Partager

Pour les collectivités qui organisent le service public de gestion des déchets, cette obligation implique de développer de nouveaux dispositifs pour trier un troisième flux de déchets.

Et le chemin à parcourir reste important : l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) estime que les biodéchets des ménages représentent 18 millions de tonne par an, dont une part importante n’est pour l’instant pas valorisée. Les biodéchets représentent ainsi 40% des ordures ménagères résiduelles (envoyées en décharge ou en incinérateur), et seulement 7% de la population française a accès à une collecte séparée des biodéchets.

Afin d’accompagner les collectivités dans le déploiement de ce nouveau tri, l’ADEME a publié début mai 2017 une note contenant des recommandations opérationnelles (de nouvelles recommandations ont été émises en 2018).

Un panel d’outils complémentaires

L’agence souligne tout d’abord que les collectivités ont à leur disposition différents outils pour répondre à l’obligation de tri à la source des biodéchets : compostage domestique directement chez l’habitant, compostage de proximité ou bien collecte séparée des biodéchets en porte à porte ou en apport volontaire. Ce panel de solutions permet de sélectionner celle qui sera la plus adaptée aux caractéristiques du territoire (par ex. le compostage de proximité en zone rurale isolée), en gardant à l’esprit que ces outils sont complémentaires et peuvent également être mis en place de manière concomitante sur un même territoire. La lutte contre le gaspillage alimentaire n’est pas non plus à négliger et doit venir en priorité pour réduire en amont les quantités de biodéchets à trier.

L’ADEME insiste ensuite sur le rôle des collectivités dans le déploiement d’un tri à la source efficace et adapté aux contraintes du territoire. Ainsi, l’agence préconise de commencer par faire un état des lieu du territoire, pour recenser les initiatives existantes de lutte contre le gaspillage alimentaire, évaluer le gisement de biodéchets potentiel et ses débouchés et connaître les quantités de déchets organiques encore présentes dans les ordures résiduelles grâce à une caractérisation des déchets. Cet état des lieux permet ensuite de tirer des objectifs de déploiement de solutions de tri à la source et un plan d’action, qui pourra être expérimenté rapidement dans un quartier pilote.

Un suivi nécessaire

Pour que l’opération soit un succès, l’agence estime nécessaire de conduire des campagnes d’information soutenues et réitérées auprès des usagers et de prévoir des moyens humains à la hauteur des enjeux. Ceci vaut notamment pour le compostage de proximité, pour lequel les collectivités ne doivent “plus se concentrer uniquement sur la distribution de matériel de compostage, mais bien la compléter par la connaissance des usagers sur la pratique en tant que telle”. Les autorités compétentes doivent ainsi assurer le suivi et la pérennité de la démarche, au même titre que l’évaluation de son efficacité.

Un nouveau tri à coût constant

En ce qui concerne le coût de ce nouveau dispositif, les différents retours d’expérience analysés amènent l’ADEME à conclure que la mise en oeuvre du tri des biodéchets peut être réalisée à coût constant pour les collectivités, notamment grâce aux économies sur le traitement des ordures ménagères résiduelles (dont les quantités seront en baisse), qui coûte sensiblement plus cher que la valorisation des biodéchets. Le développement du tri à la source peut également permettre de réorganiser de manière globale le service public de gestion des déchets et de diminuer les fréquences de collecte des ordures ménagères résiduelles. L’agence souligne enfin que l’introduction du tri des biodéchets a tendance à améliorer les performances de tri du reste des recyclables. Les dépenses d’investissement dans du nouveau matériel peuvent par ailleurs faire l’objet d’un soutien financier de l’agence.

Enfin, le document de recommandation rappelle que la tarification incitative est un levier très puissant pour faire évoluer les comportements des usagers et peut venir soutenir de manière efficace le déploiement du tri des biodéchets.

Consultez les recommandations 2018

Actualités

21 février 2025

DEVOIR DE VIGILANCE EN MATIÈRE DE PLASTIQUE : LES ONG ET DANONE PARVIENNENT À UN ACCORD DANS LE CADRE D’UNE MÉDIATION

En janvier 2023, la coalition d’ONG ClientEarth, Surfrider Foundation Europe, et Zero Waste France assignait la société Danone pour non-respect à leurs yeux du devoir de vigilance en matière de pl[...]

11 février 2025

Règlement emballages (PPWR) : un socle minimal pour des politiques publiques de prévention et de réemploi ambitieuses

Dans le cadre du Pacte Vert, la Commission européenne dévoilait fin 2022 son projet de texte visant à harmoniser les règles relatives aux emballages. Le règlement dit “PPWR” entre finalement en vi[...]

à la une
10 février 2025

5e anniversaire de la loi AGEC : la France doit redoubler d’efforts pour sortir du tout-jetable

Promulguée le 10 février 2020, la loi AGEC a initié un élan pionnier en faveur de la réduction des déchets et de la préservation des ressources. 5 ans plus tard, No Plastic In My Sea, Surfrider Fo[...]

20 janvier 2025

Aux côtés de 86 organisations, Zero Waste France quitte X

Zero Waste France s'associe à 86 associations et syndicats qui annoncent quitter collectivement le réseau social X (ex-Twitter) ce lundi 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump. En soute[...]

09 janvier 2025

Loi Industrie Verte : Notre Affaire à Tous et Zero Waste France demandent au Conseil d’État l’annulation des décrets d’application

Notre Affaire à Tous et Zero Waste France contestent devant la justice la légalité de trois décrets d’application de la loi Industrie Verte. Ils opèrent en effet un détricotage massif du droit de [...]

01 janvier 2025

Interdictions au 1ᵉʳ janvier 2025 : éviter les retours en arrière

De nouvelles dispositions réglementaires s’appliquent au 1ᵉʳ janvier 2025, concernant notamment l’interdiction de plastique à usage unique. Zero Waste France décrypte les nouveautés et alerte sur [...]

17 décembre 2024

Tri à la source des biodéchets : un an après l’obligation, un bilan insuffisant

Un an après l’entrée en vigueur de l’obligation de tri à la source des biodéchets, Zero Waste France a interrogé ses groupes locaux et adhérent·es à travers le pays. Notre constat : l’accès à des [...]

16 décembre 2024

Décharges : comment réduire une source majeure de gaz à effet de serre ?

En France, près de 75% des émissions de gaz à effet de serre du secteur des déchets proviennent des décharges. Zero Waste France alerte face au méthane encore généré par la décomposition des biodé[...]

13 décembre 2024

2024 : Retour sur une année d’actions

Tout au long de l’année 2024, nous avons enquêté et alerté sur les dérives de la surproduction, interpellé les pouvoirs publics pour faire avancer la réglementation, et défendu une démarche zéro d[...]

10 décembre 2024

Textiles sanitaires à usage unique : une filière REP attendue, mais déjà décevante

Promise comme une avancée majeure, la filière REP pour les Textiles Sanitaires à Usage Unique se limite, dans son projet d’arrêté, aux seules lingettes. Pour Zero Waste France, cette restriction c[...]