03 décembre 2020
Alice Elfassi

Zero Waste France dénonce les dérives du Black Friday

Reporté mais pas annulé, le Black Friday 2020 aura lieu le 4 décembre 2020. Dans le contexte actuel difficile pour les commerçant.e.s, il est important de rappeler que cette journée pose divers problèmes à la fois juridiques, environnementaux et sociaux.

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Le Black Friday 2020, opération commerciale illégale d’après la loi anti-gaspillage

Le Black Friday a été reporté du vendredi 27 novembre au vendredi 4 décembre cette année, en raison de la crise sanitaire. Le débat autour de son maintien, de son report ou de son annulation a duré plusieurs semaines et fait couler beaucoup d’encre dans les médias. Au-delà de ces discussions d’ordre politique et économique qui ont fini par aboutir au report d’une semaine de l’événement pour permettre aux commerces d’être ouverts, Zero Waste France tient à rappeler que la loi a déjà tranché pour l’interdiction de cette opération.

En effet, l’article 12 de la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (dite loi AGEC) a intégré dans le code de la consommation l’interdiction du fait, “dans une publicité, de donner l’impression, par des opérations de promotion coordonnées à l’échelle nationale, que le consommateur bénéficie d’une réduction de prix comparable à celle des soldes”, en-dehors des périodes de soldes définies par la loi. Ces périodes recouvrent les quatre semaines de soldes d’hiver débutant en janvier et les quatre semaines de soldes d’été débutant en juin, et excluent donc le Black Friday qui se tient le dernier vendredi de novembre, lendemain de la fête américaine de Thanksgiving.

Plus précisément, cette pratique est intégrée parmi les pratiques commerciales trompeuses énumérées par le code de la consommation, qui sont sanctionnées d’une peine d’emprisonnement de deux ans maximum et d’une amende de 300 000 euros maximum, cette amende pouvant être portée à 50 % des dépenses de la publicité ou de la pratique en cause.

Cette interdiction est entrée en vigueur dès le 12 février 2020, et est donc applicable au Black Friday 2020, exposant les commerces et enseignes qui y participent à des sanctions pénales en cas de recours. Ce rappel à la loi est aujourd’hui nécessaire, au-delà des problématiques sociales et environnementales posées par le Black Friday qu’il convient aussi de souligner.

Le Black Friday, une vaste opération commerciale souvent trompeuse

Le Black Friday consiste bien souvent pour les grandes enseignes à mettre en avant des promotions extrêmement avantageuses, des prix cassés qui en réalité ne représentent pas toujours de vraies réductions pour les consommateurs. C’est le sens de la mise en demeure déposée par l’UFC-Que Choisir à l’encontre de plusieurs grandes enseignes : l’association de consommateurs fait état de promotions mensongères et trompeuses, par lesquelles les professionnels augmentent leurs prix quelques semaines avant le Black Friday afin de mettre en avant des promotions extravagantes le jour J, en réalité calculées sur ce prix plus élevé. Les enseignes profitent ainsi de l’absence d’encadrement légal de la réduction des prix pour tromper les consommateurs en leur faisant croire à de bonnes affaires. A cet effet, l’interdiction législative des campagnes promotionnelles en-dehors des périodes légales de soldes, visant notamment le Black Friday, trouve tout son sens.

Le Black Friday, une incitation à la consommation défavorable aux petits commerces

Le Black Friday est une opération commerciale qui incite à la surconsommation et crée de nouveaux besoins chez les consommateurs, occasionnant une surexploitation tant des ressources naturelles que des travailleurs et travailleuses.

De plus, cet événement favorise les (très) grandes enseignes commerçantes, notamment en ligne, au détriment des petits commerces. C’est la raison pour laquelle quatre fédérations de commerçants ont publié le 8 novembre dernier une tribune dans le Journal du Dimanche pour demander au gouvernement l’interdiction pure et simple du Black Friday. L’un de leurs arguments majeurs est l’impossibilité pour les petits commerces de pratiquer des réductions de prix importantes dans un contexte de fermeture prolongée et de tentative de sauvetage de leur chiffre d’affaires. Loin d’être la solution à la crise économique découlant de la crise sanitaire, le Black Friday ne fait ainsi que creuser les inégalités entre géants du (e-)commerce et petits commerçants.

Pour résister au Black Friday, Zero Waste France préconise de privilégier les alternatives au neuf, par exemple la réparation ou l’occasion, ainsi que les commerces locaux et artisanaux.

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